Provocation : « Juifs, émigrez ! »

Frits Bolkestein vient de conseiller aux juifs néerlandais d’émigrer vers Israël ou les États-Unis car ils seraient de plus en plus en butte à des agressions, de la part de jeunes d’origine marocaine ou turque.

Le Néerlandais Frits Bolkestein n’en est pas à sa première polémique. © AP

Le Néerlandais Frits Bolkestein n’en est pas à sa première polémique. © AP

Fouad Laroui © DR

Publié le 23 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Frits Bolkestein est connu dans toute l’Europe grâce à la fameuse « directive Bolkestein » de libéralisation des services qu’il avait édictée en 2006, lorsqu’il était commissaire européen – celle-là même qui avait fait craindre un déferlement de plombiers polonais à Paris et à Londres. Mais Bolkestein, aux Pays-Bas, c’est une institution : polyglotte, érudit, diplômé de mathématiques, de grec ancien, de philosophie et de droit, curieux de tout, cet homme entré sur le tard en politique – il a longtemps travaillé chez Shell – a fait une carrière remarquée : secrétaire d’État au Commerce, ministre de la Défense, président de l’Internationale libérale, etc.

Mais Frits Bolkestein, c’est aussi un homme qui n’a pas sa langue dans sa poche. « Je n’ai peur de rien ni de personne », nous avait-il fièrement déclaré, il y a quelques années, dans le bureau surplombant l’Amstel où, à 77 ans, il se rend encore chaque matin pour lire, réfléchir et écrire. Dans les années 1980, il fut le premier à mettre en garde son pays contre les dangers d’une immigration incontrôlée, s’attirant les foudres de tout l’éventail parlementaire avant que son point de vue ne devienne, vingt ans plus tard, un des piliers du consensus politique.

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L’homme qui ne manie pas la langue de bois fait de nouveau parler de lui : il vient de conseiller aux juifs néerlandais d’émigrer vers Israël ou les États-Unis. Rien d’antisémite là-dedans : il s’agit plutôt de… les protéger. Bolkestein estime que la composition ethnique du pays fait que les juifs « visibles » – c’est-à-dire portant des attributs religieux comme la kippa ou les papillotes – seront de plus en plus en butte à des tracasseries, ou même à des agressions, de la part de jeunes d’origine marocaine ou turque (Bolkestein ne mentionne ni l’extrême droite ni les néonazis). Autant aller chercher un climat plus clément ailleurs.

Au cours des nombreux entretiens que nous avons eus avec lui, Bolkestein s’est toujours montré un fervent défenseur d’Israël, au point de nier parfois les droits des Palestiniens. Si sa sortie n’est pas antisémite, elle constitue peut-être une provocation calculée : ce sont maintenant les Marocains et les Turcs qui sont sur la sellette.

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