Miss Monde arabe : concours schizophrène
Ample vêtement, talons aiguilles, démarche discrètement chaloupée sur un tempo de musique moderne, les dix-huit candidates au titre de Miss Monde arabe – dont trois voilées – font leur entrée dans le vaste salon d’un grand hôtel cairote.
En regard des concours de beauté occidentaux, la scène peut sembler incongrue. Surtout quand on sait que les mensurations ne sont pas un critère de sélection. Ce qui compte, c’est le caractère, la culture générale, la contribution à la communauté et tout de même – mais si peu ? – l’apparence.
Les candidates ont ainsi été appelées à faire étalage de leurs connaissances en histoire et en poésie avant de pouvoir défiler devant le jury, qui, lui, n’aurait assurément d’yeux que pour des formes… qu’il ne pouvait que deviner. Une contradiction que les candidates omanaise et koweïtienne ont tôt fait de lever en regagnant leurs pénates prématurément, expliquant, sans rire, qu’elles n’étaient pas venues pour exposer leurs corps à des regards étrangers, mais participer à une manifestation culturelle. Un malaise partagé par leurs dix-huit prudes consœurs. Lesquelles ont cependant choisi d’adopter une attitude plus héroïque en restant dans la course. Une couronne de beauté, ça ne se refuse pas, même si, de beauté, il n’a jamais vraiment été question.
On se dit qu’imiter l’Occident en cherchant à tout prix à respecter la tradition peut parfois conduire à trahir l’un et l’autre. Mieux vaut alors rester soi-même en se tenant à mi-distance des deux en n’en conservant que le meilleur. Chose que le monde arabe, empêtré dans ses contradictions – jusque dans un simple concours de beauté –, est bien en peine de faire.
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