Cette fièvre qui inquiète
Un mal étrange, qui touche les animaux mais aussi les hommes, est apparu dans la région de l’Adrar, provoquant un début de panique au sein de la population.
Assis en tailleur dans la pénombre d’un grand salon, Mohamed el-Moktar Ould Hmein Amar interroge le visiteur : « Mais dites-moi, madame, c’est quoi cette maladie ? » Petit homme sec à la barbe blanche, M. Ould Hmein Amar est le maire d’Aoujeft, à 500 km de Nouakchott, dans la région de l’Adrar. Depuis la fin d’octobre, des familles de sa commune lui font part d’une « étrange maladie ». Caractérisée par une forte fièvre et des saignements, elle touche le bétail mais aussi les hommes. Selon lui, 30 personnes en seraient mortes en Adrar. Sans compter les animaux.
Les symptômes ressemblent à ceux de la fièvre de la vallée du Rift. Affectant principalement les animaux (contaminés par un moustique), le virus peut être transmis à l’homme après un contact avec une bête malade. En 1998, il a tué 400 personnes au Kenya, où il avait été identifié pour la première fois en 1931. Régulièrement, il décime des troupeaux sur le continent.
Alertées au début du mois de novembre, les autorités mauritaniennes ont effectué des prélèvements humains et animaux, qui ont été envoyés pour analyse à l’institut Pasteur de Dakar. Après réception des résultats, le 29 novembre, elles ont confirmé des cas de fièvre de la vallée du Rift – en Adrar uniquement. Un chameau malade serait à l’origine de la transmission à l’homme. Mais le bilan officiel n’est pas exactement celui de M. Ould Hmein Amar.
Selon Abderrahmane Ould Jiddou, directeur des services de santé de base au ministère de la Santé, 6 décès liés à la fièvre sont à ce jour avérés. Médecin, il se veut rassurant et insiste sur la faible létalité de la maladie – entre 1 % et 2 %. « C’est une maladie qui ne dure pas très longtemps, dit-il. Si aucun nouveau cas ne survient pendant une durée de quinze jours, c’est que le foyer s’est éteint. » Il précise que le dernier cas suspect remonte à la fin de novembre. À Nouakchott, certains se rabattent sur le poisson ou le poulet par peur d’une contamination. La presse indépendante parle de 17 morts. M. Ould Hmein Amar évoque des cas plus récents de décès d’animaux.
La communication officielle sur la réalité de la maladie ayant été faite tardivement en raison de la durée des analyses, la panique s’est installée dans une région où le bétail est souvent le seul moyen de subsistance. Faute de services de santé – le centre médical d’Aoujeft ne compte qu’une seule ambulance pour un département de 23 000 habitants – et à cause du manque d’information qui en découle, des morts peuvent être imputées à la fièvre de la vallée du Rift sans que le lien soit avéré. Les prochains jours diront si le foyer s’est vraiment éteint.
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