Lu et approuvé : prix à débattre

Écrivain franco-congolais

ProfilAuteur_AlainMabanckou

Publié le 8 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Nous voici en décembre : tous les grands prix littéraires français ont été décernés, la vie peut continuer son cours. Quelle conclusion tirer de cette frénésie qui a régné depuis juin dernier jusqu’au mois de novembre au moment de l’annonce de lauréats ? Quelques récompenses nous ont fait plaisir, d’autres non. Parmi celles que nous devons applaudir, saluons donc le parcours remarquable de L’Affaire de l’esclave Furcy, de Mohammed Aïssaoui, publié chez Gallimard, couronné par le Prix du roman historique, le prix Renaudot de l’essai et le prix RFO du livre. Saluons aussi le prix Renaudot attribué à Virginie Despentes pour son roman Apocalypse bébé (Grasset).

Le prix Goncourt a couronné Michel Houellebecq. La France peut enfin respirer, elle attendait cela depuis des années. Mais La Carte et le territoire (Flammarion) n’est pas le meilleur livre de Houellebecq, encore moins le meilleur livre de l’année quand on pense par exemple à un roman colossal, génial, exceptionnel et puissant comme celui de Philippe Forest, Le Siècle des nuages (Gallimard). Le roman de Forest est « aérien », intemporel, brillant comme Les Racines du ciel de Romain Gary ou Vol de nuit de Saint-Exupéry.

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Philippe Forest est un grand écrivain. Discret, sincère, loin de l’agitation mondaine de Paris. C’est cet auteur que tous les prix littéraires ont ignoré sans vergogne ! À se demander où va la littérature française – le Goncourt l’a même oublié dans sa liste alors qu’il était censé y figurer après les délibérations. Il faut dire que les membres du jury de ce prix – en dehors du « résistant » Tahar Ben Jelloun – étaient tellement obnubilés à tresser la couronne de Houellebecq qu’ils ne se sont même pas retournés quand la littérature est passée derrière eux. Le roman de Houellebecq est daté, trop daté et égocentrique – qui se souviendra du personnage Jean-Pierre Pernaut dans trente ans ? Houellebecq avait écrit un chef-d’œuvre : Les Particules élémentaires, le Goncourt l’avait raté…

On peut toujours se réjouir de la rentrée de janvier 2011. Du beau monde à l’horizon, notamment le nouveau livre de Dany Laferrière, un des événements de cette rentrée 2011 : Tout bouge autour de moi (Grasset). Ceux qui, comme moi, ont été séduits par L’Énigme du retour (prix Médicis 2009) retrouveront cette écriture alerte d’un des observateurs les plus brillants de notre temps. Un an après le séisme en Haïti, Laferrière fait le bilan sans verser dans le misérabilisme ou la surenchère.

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