Roméo et Juliette version orientale

Publié le 8 décembre 2010 Lecture : 1 minute.

Aïcha Kessler dit s’être simplement retournée sur sa propre vie. Une foule de souvenirs lui sont revenus à la mémoire. Les allées de Timoun, le village de son enfance. Ce matin de septembre où, à 23 ans, elle quitte le Maroc pour épouser en France Michel, rencontré à l’université de Casa. Il est issu de la bourgeoisie alsacienne, elle de la noblesse marocaine. Scandale des deux côtés de la Méditerranée.

« Je crois que j’ai aimé un étranger comme un voleur aime la nuit, elle lui permet d’agir en toute impunité », écrit Aïcha Kessler qui s’interroge sur les raisons qui l’ont conduite, elle, la laïque, à s’unir à un catholique converti plus tard à l’islam. Chronique originale du quotidien d’un couple mixte dans les ­années 1990, J’ai épousé un Français est aussi celle d’un « processus de libération ». Libération de la cellule familiale et des mœurs de son village. « Michel était la maison dans laquelle je rentrais sans le regard de ma mère », explique Aïcha Kessler à Jeune Afrique.

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Et puis il y a le poids de l’exil, lequel « n’est pas un problème d’espace, qui peut être reconstruit. C’est un ­problème de temps, un manquement au devoir d’héritage de là-bas », dit-elle. À mesure que Michel entre dans la communauté musulmane, elle en sort petit à petit. La première guerre du Golfe et les attentats de 2001 vont passer par là, changeant le regard de l’Occident sur l’Orient. « L’ère Shéhérazade a fait place à celle de Ben Laden. Tout a changé », explique Aïcha Kessler. Elle va voir Samir, son ami de toujours, basculer dans l’intégrisme religieux. Le tour de force d’Aïcha Kessler est d’avoir réussi à traiter des sujets forts sur un ton léger et drôle, loin de tout ressentiment.

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