Toi aussi, mon fils !
Lâché par ses alliés, menacé par la justice et en chute libre dans les sondages, Berlusconi peut-il, une fois encore, s’en sortir ? Au Parlement et à la Cour constitutionnelle, la journée du 14 décembre s’annonce pour lui décisive.
« Soit Berlusconi démissionne, soit nous voterons contre lui le 14 décembre. » À deux semaines du vote sur la motion de censure présentée par l’opposition contre le chef du gouvernement, Gianfranco Fini pose un ultimatum au Cavaliere. Après avoir retiré ses ministres du gouvernement, l’ancien néofasciste reconverti en défenseur d’une droite moderne et libérale monte encore la barre d’un cran. Aucun doute, il veut la peau de son ex-mentor.
Du reste, le président du Parlement n’est pas le seul à vouloir tourner la page du berlusconisme. Au sein même de la majorité, le malaise est palpable. À preuve, la rébellion de Mara Carfagna, l’ex-pin-up pour camionneur dont le Cavaliere a eu le culot de faire son ministre de l’Égalité des chances. La belle, qui est napolitaine, a osé critiquer la gestion de la crise des déchets dans cette ville. Elle s’est attiré les sarcasmes de Berlusconi et de son entourage et a été tentée de tout plaquer, maroquin ministériel et siège de députée. Les choses sont rentrées dans l’ordre, et la lettre de démission a fini au panier. Mais ce coup de gueule inattendu a laissé des traces.
Motion de censure
La presse italienne évoque à longueur de colonnes le « crépuscule de Berlusconi ». De fait, l’image de ce dernier est gravement affectée par les scandales sexuels à répétition, et son pouvoir, on l’a vu, miné par la défection d’une cinquantaine de parlementaires « finistes », mais aussi par les sondages exécrables et les critiques de l’Église catholique. La journée du 14 décembre risque d’être décisive. D’abord parce que le président du Conseil devra se présenter devant les deux chambres du Parlement, où deux motions ont été déposées : l’une de censure (à la Chambre des députés), l’autre de confiance (au Sénat). Ensuite, parce que la Cour constitutionnelle rendra, ce même jour, un arrêt susceptible d’entraîner sa comparution devant les tribunaux, qui le poursuivent pour corruption dans deux affaires importantes.
Cerné de toutes parts, harcelé, le président du Conseil refuse pourtant de jeter l’éponge. Son gouvernement disposant d’une majorité, il ira, promet-il, au terme de la législature, en 2013. Mais chaque jour, ou presque, apporte son lot de mauvaises nouvelles. Le 22 novembre, les centristes ont annoncé qu’ils voteraient contre lui le 14 décembre. « Berlusconi souffre de confusion mentale et doit démissionner au plus vite pour éviter le pire », explique Pier Ferdinando Casini, chef de file de l’Union du centre. Mais en coulisses, le même confie qu’une poignée de députés de son parti pourraient être tentés de voter malgré tout la confiance. Une façon très florentine de se débarrasser d’un adversaire en lui laissant le temps de… s’enliser plus profondément.
« Une crise politique impliquerait pour l’Italie la possibilité de finir comme la Grèce ou l’Irlande », avertit Berlusconi. Une analyse que partage la très xénophobe et très antieuropéenne Ligue du Nord, son dernier allié. « Les marchés sont aux aguets, comme les agences de notation. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre un tel risque », estime Marco Reguzzoni, qui préside le groupe parlementaire de ce parti et incarne la nouvelle génération, plus présentable, des dirigeants « ligueurs ». « À droite comme à gauche, la menace d’élections anticipées est un coup de bluff. En cette période de crise, deux mois de campagne électorale seraient désastreux, même si l’Italie s’en tire mieux que certains de nos partenaires européens », dit encore Reguzzoni.
Avec ou sans lui ?
C’est d’ailleurs cette crainte d’une déstabilisation économique qui incite certains opposants et certains proches du président du Conseil à rechercher des solutions moins brutales et plus consensuelles. « La Confédération des industriels et les syndicats, qui représentent des intérêts opposés, se disent prêts à œuvrer à un nouveau pacte social, au nom de l’intérêt supérieur du pays. Pourquoi ne pas partir du même principe au niveau politique ? » s’interrogeait récemment, dans un quotidien, Giuseppe Pisanu, un fidèle de Berlusconi qui préside la Commission antimafia. Traduction : pourquoi ne pas constituer un gouvernement de « responsabilité nationale » qui regrouperait des membres de la majorité et de l’opposition, avec ou sans Berlusconi ? Ce n’est là qu’une hypothèse, mais elle fait son chemin. En revanche, le Cavaliere y est très opposé : il craint, non sans raison, de jouer le dindon de la farce.
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