Otan – Maghreb : dialogue de sourds

Mis en place en 1994, le partenariat entre l’Alliance atlantique et sept pays méditerranéens se heurte à l’absence de vision commune.

Des dirigeants des pays de l’Otan en discussion avant le début du sommet de Lisbonne, le 19 nov. © AFP

Des dirigeants des pays de l’Otan en discussion avant le début du sommet de Lisbonne, le 19 nov. © AFP

Publié le 2 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« Nous entendons développer encore le Dialogue méditerranéen (DM) dans les années à venir », a simplement affirmé le communiqué final du sommet de l’Otan, le 19 novembre, à Lisbonne, réuni pour définir un nouveau Concept stratégique. Une formule sobre qui cache mal l’enlisement du partenariat entre l’Alliance atlantique et sept pays méditerranéens (Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, Égypte, Jordanie et Israël).

Créé en 1994, le DM a permis à ses membres de réaliser en 2010 plus de 700 activités à la carte (dont 85 % militaires) : formations, manœuvres communes, partage des bases de données… En 2010, le Maroc et la Mauritanie ont validé leurs Programmes de coopération individuelle (PCI), bientôt imités par la Tunisie. Côté aide financière, seule la Mauritanie, au Maghreb, a demandé à bénéficier des fonds du Partenariat pour la paix (PPP), soit 2,25 millions d’euros, qui permettront de former les militaires mauritaniens à la gestion des stocks d’armement.

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Le Maroc, membre du DM depuis sa création, a participé à deux missions de l’Alliance dans les Balkans. En septembre, Casablanca a abrité un atelier sur la lutte contre le terrorisme. Quant à Alger, il ne s’est rallié au DM qu’en 2000. Pour le chercheur Kassim Bouhou, « le rapprochement de l’après-11 Septembre a laissé place à une implication plus frileuse de l’Algérie », qui n’a pas signé de PCI. En novembre 2009, le président du Parlement, Abdelaziz Ziari, avait fait part de ses réserves devant une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’Otan. L’Algérie ne voit en effet pas d’un bon œil la participation d’Israël aux patrouilles maritimes de l’Alliance. Le DM est ainsi parfois perçu comme le cheval de Troie des États-Unis en Méditerranée. D’autant que la nouvelle doctrine adoptée à Lisbonne a officiellement étendu les possibilités d’intervention hors de la zone atlantique. L’Otan se dit ainsi prête à s’impliquer dans le conflit israélo-palestinien « si les deux parties ayant signé la paix le lui demandent et avec l’accord du Conseil de sécurité », une perspective qui n’enchante guère les Maghrébins.

Cette méfiance contribue au cruel manque de profondeur politique du DM, largement admis en mai 2010 par des experts de l’Otan. Le DM n’a pas su faire émerger une vision commune de la Méditerranée. Tandis que l’Alliance met l’accent sur la sécurité et l’antiterrorisme, la Tunisie défend, par exemple, un partenariat axé sur le codéveloppement. Le sommet de Lisbonne n’aura en tout cas pas permis d’approfondir le partenariat avec les pays méditerranéens de manière concertée. Parmi les raisons du blocage : des désaccords au sein des membres de l’Otan, mais aussi « l’absence de proposition commune des Maghrébins », comme le déplore Mohammed Benhammou, de la Fédération africaine des études stratégiques.

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