Alger rit de bon coeur

À travers le doublage en arabe de feuilletons et de films américains, Brahim Irbanisator raconte des tranches de vie algériennes. Ses vidéos mises en ligne sur internet remportent un vif succès.

Brahim Ibranisator a déjà plus de 100 000 fans sur Facebook. © D.R.

Brahim Ibranisator a déjà plus de 100 000 fans sur Facebook. © D.R.

Publié le 27 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Il a plus de 100 000 fans sur Facebook, chacune de ses vidéos postées sur YouTube est regardée par plusieurs milliers de personnes à travers le monde, et il a même lancé des expressions devenues à la mode dans les cafés d’Alger. Lui, c’est Brahim Irbanisator, créateur de Irban Irban, une série de vidéos parodiques qui fait mourir de rire les Algériens.

Qui se cache derrière le pseudonyme Brahim Irbanisator ? Brahim H’mida, 31 ans, coproducteur et réalisateur de l’émission Le Café de la 3, sur la radio Chaîne III à Alger, une émission de divertissement culturel. Cet amoureux du cinéma, qui a fait des études de gestion informatique, est entré à la radio nationale il y a onze ans pour travailler aux archives. Mais il a tôt fait de traverser le couloir et de devenir, pour Chaîne III, journaliste, animateur, programmateur musical…

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Puis il s’est lancé dans l’aventure Irban Irban. « Lors des qualifications pour la dernière Coupe du monde de football, quand l’équipe d’Algérie a été agressée en Égypte, j’étais derrière mon ordinateur, et j’ai voulu exprimer ma déception. Je me suis rappelé une scène des Incorruptibles avec De Niro. Je l’ai trouvée sur internet et j’ai doublé l’acteur, avec un texte sur les footballeurs égyptiens qui se prenaient pour des pharaons. Il n’y avait rien de haineux, c’était juste drôle. Je l’ai mise sur YouTube. Le lendemain, c’était la vidéo la plus regardée du site ! » explique le jeune homme.

Problématiques sociales

Irban Irban veut dire « tranche par tranche », et c’est bien des tranches de vie algériennes que Brahim croque, en parodiant des films et des feuilletons cultes comme Gossip girl, Desperate Housewives ou Twilight. Il y évoque des problématiques sociales bien réelles : le mariage, le célibat, les relations hommes/femmes. « C’est une sorte d’autocritique. Je tends un miroir aux gens. J’aime parler du quotidien des jeunes et coller à l’actualité, comme l’ouverture du plus grand centre commercial du Maghreb, à Bab Ezzouar. Pour ça, j’ai pris une scène de Jackie Brown, de Tarantino, et j’y fais évoluer un personnage qui n’a jamais pris d’escalator de sa vie… J’évite de toucher à la religion de peur d’être incompris, même si, parfois, je fais passer des messages subliminaux. »

Les internautes sont accros grâce aux personnages récurrents, à la continuité dans les histoires et à la langue : les vidéos sont en algérien pur jus, avec du français « cassé », du vocabulaire branché et des expressions inventées parfois de toutes pièces. Et ce n’est que de l’improvisation ! Brahim, seul devant son ordinateur avec un micro, a imposé un nouveau souffle sur le Net. Le quotidien Liberté l’a même élu outil médiatique qui a le plus marqué les Algériens ces six derniers mois. « Je suis fier de toucher des gens de 15 à 55 ans, toutes classes et catégories confondues, même les intellos. » Aujourd’hui, Brahim se demande où ses parodies vont le mener. Il aimerait bien travailler dans la pub. Mélange de bagout algérois et d’humour transfrontières, il conclut : « Je crois que je suis quelqu’un de rigolo, en fait. »

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