Pudique Miano
Le meilleur chapitre du dernier roman de Léonora Miano s’appelle « Fantaisie impromptue ». Il aurait pu s’appeler « Feuille de rose » ou « Anulingus », mais, en ce qui concerne ce dernier terme, ce n’est pas un mot facile à lâcher. D’ailleurs, l’écrivaine d’origine camerounaise ne s’y risque pas. Elle écrit : « L’homme d’Amahoro avait été perturbé de recevoir, dans un moment de fièvre, une caresse assez particulière. En réalité, la jeune femme n’avait pas prévu d’introduire sa langue dans cet orifice-là. C’était venu tout seul. Dans le feu de l’action. » Licence poétique ? Timidité ? Pudeur ? Ce n’est pas un détail : Blues pour Élise est un roman qui, dans l’ensemble, n’ose pas aller jusqu’au bout de ce qu’il propose.
Ambiances sonores artificielles
Son sous-titre (Séquences afropéennes – Saison 1) annonce une suite (Paris’ Boogie : Séquences afropéennes – Saison 2) et laisse envisager une approche littéraire rappelant une série télévisée. Manquent l’humour, le dynamisme et l’indispensable caractérisation des personnages. Par ailleurs, l’utilisation du pidgin-english du Cameroun aurait pu faire du roman « une pierre apportée à l’édifice qu’est l’indispensable création d’un vocabulaire nouveau, permettant de dire la France de notre temps et les différentes populations qui la composent » [site officiel de Léonora Miano, NDLR], mais elle est bien rare. Enfin, trop artificiels, les « ambiances sonores » qui ponctuent les fins de chapitre et le titre « Bonus » donné à ce qui s’appelle habituellement un épilogue n’apportent pas grand-chose.
En dépit de cette trop grande pudeur littéraire, Léonora Miano sait raconter la vie quotidienne, les amitiés, les interrogations et, surtout, les amours des « Afropéens » de la capitale française. De Château-Rouge à Belleville, en passant par la place de la République, les Parisiens qui ont le continent chevillé au corps (et au cœur) s’y retrouveront.
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