Le Panier d’Ali Bougheraba
Dans son premier one-man-show, le comédien d’origine algérienne revient sur le quartier marseillais de son enfance, avec des personnages hauts en couleur.
Il y a Mme Suzanne et sa solitude, M. Martinez et sa peur de l’autre, les éternels amis et puis tous les autres. Des personnages du quartier du Panier, à Marseille, brossés par Ali Bougheraba dans son one-man-show Ali au pays des merveilles. « À travers l’histoire de la mort d’un quartier populaire transformé en un lieu bohème chic, je donne mon avis sur la société française. Mais ce n’est pas un spectacle militant », prévient-il d’une voix posée.
À l’heure du stand-up, où chaque phrase est censée déclencher l’hilarité générale, Ali Bougheraba dénote. Lui ne veut pas faire rire à tout prix et, s’il choisit pourtant de traiter les mêmes thèmes (racisme, banlieues), il le fait avec poésie et finesse. « J’ai la culture du théâtre et non du stand-up. Les personnages de mon spectacle ont réellement existé, j’ai grossi leurs traits au maximum, tout en restant sincère. » Originaire d’Algérie (Médéa), le père d’Ali Bougheraba, « fanatique d’humoristes », était propriétaire d’un bar-restaurant dans le Panier. Si le jeune Ali s’échappe du quartier pour étudier dans un lycée chic du centre-ville, il reconnaît aujourd’hui y avoir eu une enfance heureuse, avec ses cinq frères et sœurs. « Ce quartier, on l’aime comme on le déteste. Les murs sont tordus, les immeubles penchés, et pourtant je rêve de pouvoir acheter là-bas », confie-t-il amusé.
Les traits sont parfois convenus. Mais Ali Bougheraba sait surprendre. Le grand gaillard se glisse sous un chandail en crochet et se transforme en Mme Suzanne, une ancienne chanteuse du théâtre marseillais l’Alcazar qui, le dos voûté et les membres tremblants, raconte la mort de son époux, la solitude puis la maladie. Le rire devient secondaire. Ali Bougheraba, bouleversant.
« Témoin de la France multiraciale »
Cette culture du théâtre, il l’a acquise grâce à l’improvisation sur les planches des cafés-théâtres qu’il a écumés pendant deux ans après avoir quitté un poste confortable de responsable commercial. « J’avais 20 ans et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais », se souvient-il. Il joue ensuite dans de nombreuses pièces classiques avant de s’essayer à des créations contemporaines. Ali au pays des merveilles n’était au départ qu’une série de sketchs qu’il a ensuite retravaillés avec Didier Landucci (Les Bonimenteurs). Pour son prochain spectacle, Ali Bougheraba tentera l’aventure du music-hall avec une reprise de Un de la Canebière, une « opérette marseillaise ». Tout en restant, précise-t-il, « le témoin de la France multiraciale et multicolore ».
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