Les icônes brisées de la République

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 23 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Elles comptaient sur la sympathie que suscitent ceux qui, au pouvoir, font entendre leur différence. Mais Rama Yade et Fadela Amara sont assez avisées pour savoir qu’elles avaient perdu la confiance de François Fillon. Et que leur avenir ministériel était suspendu à la magnanimité du prince Sarkozy.

Juste avant le remaniement qui lui a coûté son secrétariat d’État à la Politique de la ville, Amara n’avait pas hésité à jouer la carte Borloo (« le meilleur pour Matignon ») et à qualifier Fillon de « bourgeois de la Sarthe » qui ne comprend rien aux banlieues. Ce dernier le lui a fait payer au prix fort : l’ex-présidente de Ni putes ni soumises est le seul membre du gouvernement sortant à avoir appris son éviction au journal de 20 heures. Tout en exprimant sa reconnaissance à Nicolas Sarkozy, elle a fustigé les « promesses non tenues » de Fillon concernant son plan Espoir banlieues. Brouillonne et incapable de travailler en équipe – une cinquantaine de ses collaborateurs ont jeté l’éponge, et elle entretenait des relations exécrables avec ses ministres de tutelle –, Amara a échoué à mener à bien son grand projet. À sa décharge, ce dernier a subi de plein fouet les effets de la crise. Et l’ancienne militante associative s’est heurtée à une énarchie goguenarde. « Je n’avais pas les codes », résume-t-elle.

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« La politique, c’est comme les discothèques, on laisse d’abord entrer les habitués », a renchéri Rama Yade, surdiplômée pour sa part, mais tout aussi incapable de « jouer collectif » et dont les incartades à répétition ont exaspéré le président. Dernière en date : le 29 octobre, elle a publiquement désavoué le fameux discours prononcé par Sarkozy à Dakar, en 2007, en des termes peu diplomatiques : « Moi, je pense que l’homme africain a été le premier à entrer dans l’Histoire. […] Que voulez-vous que je fasse, que je saute sur la tribune et que je gifle le président de la République ? »

À force de caracoler en tête des sondages, la secrétaire d’État aux Sports avait fini par se croire à l’abri des foudres présidentielles. Voire en mesure de briguer le ministère de la Jeunesse. Elle venait de publier une Lettre à l’intention de celle-ci, en octobre. C’est raté. 

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