Une gaulliste au Quai d’Orsay
« C’est une pro qui travaille ses dossiers. Et c’est une gaulliste. Elle va défendre nos positions dans le monde arabe et en Afrique », confie un ambassadeur de France. En Afrique, Michèle Alliot-Marie (MAM) a de solides relations. Député gaulliste, son père fréquentait déjà les présidents Mobutu et Eyadéma. Après des études de droit, à Paris, la jeune femme met son expertise au service de plusieurs États africains : les Comores, le Rwanda (d’avant 1994) et le Gabon, où elle rencontre Omar Bongo Ondimba. Dans le Paris des années 1970 et 1980, la prof de droit se lie d’amitié avec plusieurs intellectuels africains, dont Alpha Condé.
Députée en 1986, présidente – à l’arraché – du RPR en 1999… MAM se taille très vite une image de walkyrie de droite, avec le tailleur-pantalon en guise d’armure. Mais MAM, 64 ans, sans enfants, n’est pas seulement une femme d’action qui s’éclate en sautant en parachute. Ni ce personnage un peu pète-sec que l’on croirait formaté pour les ministères régaliens (Défense, 2002-2007, Intérieur, 2007-2009, Justice, 2009-2010).
Quand on fend l’armure, on trouve quelqu’un de chaleureux – façon Chirac, son mentor –, qui aime le contact avec ses électeurs du Pays basque, dans le sud-ouest de la France, et qui sait jouer de sa féminité. « Les éléphants, il suffit de leur caresser la trompe », dit-elle un jour des barons du RPR…
Avec Abdelaziz Bouteflika, le courant passe. Le 19 octobre, le président algérien lui a accordé une audience de deux heures. « Ces derniers temps, Kouchner ne pouvait pratiquement plus mettre les pieds au Maghreb, soupire un diplomate français. Cette région sera l’une des priorités de la nouvelle ministre. »
Autres pays tests : la Côte d’Ivoire, où MAM s’est durement opposée à Laurent Gbagbo après le bombardement de Bouaké, en novembre 2004. Et le Rwanda, où l’ex-ministre de la Défense a très peu apprécié les accusations lancées contre ses chers militaires.
En prenant ses fonctions, le 16 novembre, elle a lancé aux diplomates présents : « Vous êtes les soldats d’une France généreuse et ambitieuse. » Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, est prévenu : il aura les coudées moins franches qu’avant.
