À la grâce du chef

À l’occasion de l’Aïd el-Kébir, le président Mohamed Ould Abdelaziz décide de gracier 134 détenus, dont 17 djihadistes.

Publié le 23 novembre 2010 Lecture : 1 minute.

C’est une nouvelle expression de la politique de dosage des autorités mauritaniennes contre le terrorisme. À la veille de la fête musulmane de l’Aïd el-Kébir – célébrée le 16 novembre à Nouakchott –, le président Mohamed Ould Abdelaziz a gracié 134 détenus. Parmi les « élus » figurent des prisonniers de droit commun, mais aussi dix-sept djihadistes « poursuivis ou condamnés dans le cadre des dossiers liés au terrorisme », selon le décret.

Depuis 2005, la Mauritanie est la cible d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Après une première phase de déni de la réalité de la menace terroriste, considérée comme ponctuelle, les autorités se sont résolues, en 2008, à s’attaquer à un phénomène qui écorne l’image du pays et met en danger son armée, cible favorite d’Aqmi.

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La première réponse a été militaire. Des unités mobiles chargées de patrouiller dans le désert – les Groupements spéciaux d’intervention – ont été créées, et de nombreux postes-frontières installés. La coopération – parfois difficile – avec les autres États de la bande sahélo-saharienne constitue un autre volet de cette stratégie.

Le troisième ingrédient est le dialogue, doublé de pédagogie. Des religieux ont ainsi été sollicités pour expliquer, lors de colloques, les valeurs modérées du « vrai » islam, par opposition à la conception dévoyée et belliqueuse qu’en a Aqmi. En janvier dernier, un groupe d’oulémas et d’imams avait tenu ce discours devant 67 détenus djihadistes à la prison centrale de Nouakchott pour les conduire à un repentir censé dissuader leurs émules. Une démarche relativement efficace puisque plusieurs prisonniers feront effectivement part de leurs regrets. Interrogé sur leur sort par Jeune Afrique en août dernier, le président Mohamed Ould Abdelaziz avait répondu : « Libre à moi de les gracier ou non. » Un groupe de 35 détenus – pour des faits de terrorisme – avait ensuite été gracié. Comme aujourd’hui, le chef de l’État avait choisi de le faire à l’occasion d’une fête religieuse : l’Aïd el-Fitr, la fin du ramadan, en septembre dernier.

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