Chronique d’une partition annoncée
Le compte à rebours pour l’indépendance du Sud-Soudan est lancé. Depuis le 15 novembre, 5,5 millions de Sud-Soudanais ont commencé à s’enregistrer sur les listes électorales en vue du référendum d’autodétermination, prévu le 9 janvier. Mais d’ici là, les motifs d’inquiétude sont si nombreux que le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé sa « profonde préoccupation ».
Si le processus se déroule sans trop de problèmes dans le Sud, il est peu suivi dans le Nord, où vivent entre 1 et 2 millions de Sudistes, guère enthousiasmés à l’idée que le pouvoir de Khartoum puisse les recenser. Dans la province pétrolière d’Abyei, où le scrutin doit trancher entre un rattachement au Sud ou au Nord, les préparatifs sont encore moins avancés. Khartoum et Juba – la capitale sudiste – n’ont par ailleurs toujours pas délimité la future frontière, ni trouvé un compromis sur le partage des revenus pétroliers. La production de brut représente 50 % des recettes de l’État unifié, mais 80 % de la production est située dans le Sud.
Si ce référendum a été le point déterminant de l’accord de paix qui a mis fin, en 2005, à vingt-deux ans de guerre civile, il ressemble fort aujourd’hui à une « fausse-bonne » solution. En cas de dérapage du processus – un scénario probable tant Khartoum multiplie les entraves –, les Sudistes opteront vraisemblablement pour une déclaration unilatérale d’indépendance. À la clé, une reprise du conflit. Et si ce scrutin a lieu, la partition devrait l’emporter, et cela constituera alors le premier coup de canif par la voie des urnes à l’intangibilité des frontières sur le continent. Ce référendum peut « changer l’avenir du pays et envoyer des ondes de choc à travers toute la région », s’inquiète Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU.
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