Naufrage du « Joola » : Dakar veut relancer l’enquête
Huit ans après le drame, et alors que l’affaire a été classée, les autorités ont annoncé, le 14 novembre, l’ouverture prochaine d’une information judiciaire.
L’annonce a surpris tout le monde. Le 14 novembre, devant les députés réunis en session budgétaire, le ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, a affirmé que le président Abdoulaye Wade lui avait demandé « d’étudier les possibilités d’ouvrir une information judiciaire au Sénégal pour traiter définitivement l’affaire du Joola ». On croyait l’affaire enterrée à Dakar. Voici qu’elle revient sur le devant de la scène.
En septembre 2002, 1 863 personnes, selon le bilan officiel – plus de 2 000, selon les associations de familles de victimes – avaient péri dans le naufrage du Joola, un navire conçu pour transporter 550 passagers entre Dakar et Ziguinchor. Au Sénégal, l’affaire avait été classée dès 2003 au motif que le commandant du Joola, seul maître à bord et principal responsable du drame, avait péri au cours de la catastrophe. Aujourd’hui, Dakar revoit donc sa copie et annonce, via son garde des Sceaux, que « des avocats ont été saisis pour aider l’État à voir comment sortir de cet imbroglio judiciaire ».
Car, avec ses multiples rebondissements, l’affaire peine à se faire oublier. Puisque aucune information judiciaire n’avait été ouverte au Sénégal, une procédure a en effet été initiée dans l’Hexagone par les familles des vingt-deux victimes françaises. Le juge Jean-Wilfrid Noël avait alors émis des mandats d’arrêt internationaux contre sept personnalités civiles et militaires sénégalaises, compliquant les relations entre Paris et Dakar, jusqu’à ce que les mandats contre Mame Madior Boye et Youba Sambou, respectivement Premier ministre et ministre de la Défense au moment des faits, soient annulés. C’était en juin 2009.
Mais nouveau coup de froid, en octobre dernier, avec l’interpellation à Paris de Gomis Diédhiou, fonctionnaire au ministère sénégalais de l’Économie maritime et chef du bureau de la sécurité maritime au moment du naufrage. Son passeport de service lui a été retiré, et il a été placé sous contrôle judiciaire en France. Une manière de rappeler au Sénégal son devoir de juger ou de laisser juger.
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