Le casse-tête des réfugiés rwandais
Que faire de ceux qui ont fui le Rwanda en 1994 ? Le sujet a été abordé par les présidents Sassou et Kagamé.
Le président rwandais, Paul Kagamé, était à Brazzaville les 14 et 15 novembre. L’occasion d’évoquer largement avec son hôte, Denis Sassou Nguesso, le sort de ses compatriotes qui vivent au Congo depuis 1997. Bénéficiant du statut de réfugié, ils seraient 8 000 d’après les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). D’abord installés dans l’est de ce qui était alors le Zaïre après le génocide perpétré au Rwanda, en 1994, ils ont ensuite, après un voyage de plus de 2 000 km, trouvé refuge au Congo. Mais Kigali souhaite maintenant qu’il n’y ait plus, d’ici à décembre 2011, un seul réfugié rwandais, ni au Congo ni ailleurs, arguant du fait que ses compatriotes peuvent tous, s’ils le souhaitent, rentrer au Rwanda en toute sécurité.
Cabanes en tôle ou en bois
Pas si simple pour les intéressés. Hutus, dans leur grande majorité, ils hésitent encore entre le retour au pays, demander la nationalité congolaise ou trouver une autre terre d’accueil. Illustration avec les réfugiés de Kintélé. Aloïs Bayingana, 52 ans, est le responsable du camp situé au bord de la nationale 2, à 25 km au nord de Brazzaville. Au campement – en fait un vaste terrain vague sans eau ni électricité, peuplé d’eucalyptus et de cabanes en tôle ou en bois –, le dénuement saute aux yeux. En 1997, il abritait 4 418 Rwandais ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 800, dont quelques Congolaises mariées à des Rwandais. Bientôt, ils devront s’en aller : le gouvernement va construire 1 000 logements sur le site. En attendant, les déshérités de Kintélé vendent du bois ou du charbon, ou travaillent comme ouvriers agricoles. La vie est difficile : Aloïs Bayingana accuse le HCR de ne rien faire depuis 2000. Paul Ndaitoroum, représentant du HCR au Congo, confirme et précise que son agence « intervient dans certains cas, comme la maladie ». Mais envisager un retour au Rwanda n’est pas évident. « Ceux qui étaient partis en éclaireurs sont revenus, explique, sceptique, Aloïs Bayingana. Certains disent que tout va bien. D’autres affirment le contraire. Mais personne n’est reparti. » Rester au Congo ? Pourquoi pas. Mais comme beaucoup de ses compatriotes, le chef du camp de Kintélé est convaincu que « les autochtones ne souhaitent pas [leur] intégration ». Demander la naturalisation ? « Encore faudrait-il que les candidats aient les moyens de payer les frais administratifs et que les autorités acceptent de leur accorder la nationalité congolaise », souligne une réfugiée installée à Brazzaville. Au HCR, on ne se fait pas d’illusions : « L’intégration locale est difficile, tout comme la naturalisation. Et une réinstallation ailleurs n’est pas encore envisagée. » Un véritable casse-tête pour tous.
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