Présidentielle : la bataille des chiffres

Entre le champion du « libéralisme à visage humain » et le protecteur des intérêts de la Côte d’Ivoire contre les impérialistes, la défense des programmes économiques prend parfois des allures de guerre des chiffres.

Publié le 27 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Présidentielle : les deux Côte d’Ivoire
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Présidentielle : les deux Côte d’Ivoire

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Quels sont les programmes économiques des deux finalistes de la présidentielle ? On peut se le demander, car à l’aube de ce second tour, la guerre des petites phrases a pris le dessus sur la déclinaison des projets de gouvernement. Pour le camp présidentiel, Alassane Dramane Ouattara (ADO) est le candidat « de l’étranger », une allusion, entre autres, à son passage au Fonds monétaire international (FMI), redouté pour ses plans d’ajustement douloureux imposés aux anciennes colonies africaines. Face au diktat impérialiste, le socialiste Laurent Gbagbo se pose en défenseur des intérêts nationaux. « Je n’ai pas besoin des milliards des banques pour construire Yamoussoukro », disait-il dernièrement. Gbagbo attaque également Ouattara sur le financement de son programme économique, chiffré à 12 000 milliards de F CFA (18 milliards d’euros) sur cinq ans et jugé utopiste.

« Il ne comprend rien à l’économie », répond ADO, dénonçant le bilan « catastrophique » de son adversaire au pouvoir depuis 2000 et présentant ses sources de financement : annulation de la dette, amélioration du fonctionnement des régies financières, essor de l’investissement privé. L’ex-directeur général adjoint du FMI – qui a fait travailler une équipe de vingt-cinq experts nationaux et internationaux – propose de réduire la fiscalité des entreprises, de développer l’industrie et les services, et de moderniser l’agriculture. Figurent également d’autres mesures plus inattendues pour un libéral, comme la forte relance des investissements publics, la renégociation des contrats pétroliers, jugés trop favorables aux opérateurs étrangers, et le retour à un organe de gestion unique de la filière café-cacao, en partie libéralisée. Il promet encore à ses compatriotes de lutter contre la corruption et de mettre en place une politique sociale de proximité. Sa doctrine : le « libéralisme à visage humain ».

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Gbagbo n’est pas si loin idéologiquement. S’il se positionne en rempart nationaliste, il inscrit son programme dans la « démocratie sociale » avec une bonne dose de pragmatisme. Il ne remet pas en cause la liberté d’entreprendre et reconnaît l’importance des investisseurs étrangers. « On a beaucoup de richesses qui appellent l’argent », a-t-il souligné récemment à la télévision nationale. Mais pour le chef de l’État, il est impératif de transformer les matières premières sur place pour créer des emplois. Pour les jeunes et les femmes, il promet la création d’une « banque pour l’emploi » avec des succursales dans chaque département. Le candidat prône également une décentralisation du pouvoir économique pour créer des activités génératrices de revenus dans chaque région. Sur la même ligne, Gbagbo et Ouattara souhaitent relancer les cultures vivrières pour sortir de la dépendance aux importations de produits alimentaires. Mais quand le bon sens s’impose, la bataille perd en intensité.

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