Vincent Peillon : « Il faut adopter une approche plus modeste »
Pour l’eurodéputé socialiste, l’Union pour la Méditerranée, toujours à l’état d’embryon, peut être viable. Il suffirait pour cela de travailler à des projets concrets et, surtout, réalistes.
![L’eurodéputé socialiste français est l’auteur d’un rapport sur l’UPM. © Reuters](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/11/26/026112010125254000000peillon.jpg)
L’eurodéputé socialiste français est l’auteur d’un rapport sur l’UPM. © Reuters
JEUNE AFRIQUE : Le sommet des chefs d’État de l’UPM va de report en report. À qui la faute ?
VINCENT PEILLON : Il ne s’agit pas de désigner des boucs émissaires, mais de pointer les responsabilités. Nicolas Sarkozy est à l’origine de la création de l’UPM, mais la navigation à vue et les changements de cap ont mené à l’échec. Perdue dans ses comptes d’apothicaire, l’Europe, quant à elle, ne parvient pas à parler d’une voix cohérente, et se montre incapable d’adapter ses moyens à ses ambitions. Enfin, les pays du Sud n’ont jamais su oublier leurs querelles et voir qu’ils disposaient enfin d’une enceinte où ils pouvaient discuter sur un pied d’égalité avec les Européens.
Ne faut-il pas revoir les ambitions à la baisse ?
C’est ma conviction. Et c’est aussi celle du Parlement européen, qui m’a chargé de réfléchir à l’avenir de l’UPM. Ce travail a abouti à un ensemble de recommandations, adoptées en juin, parmi lesquelles la nécessité d’être plus modeste dans notre approche. L’Union doit se concentrer sur la réalisation commune de projets concrets d’intérêt général. Si le Parlement avait été entendu, nous aurions évité six mois de blocage. Hélas, le président français s’est obstiné à faire croire que l’UPM pouvait régler le conflit israélo-palestinien. Il a suscité de fausses espérances.
Y a-t-il des projets qui marchent ?
Tout n’est pas perdu. Les enjeux – civilisationnels, économiques, politiques, sociaux et environnementaux – nous interdisent de baisser les bras. Notre histoire, nos destins et nos intérêts sont liés. Le Sud a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin du Sud. Renoncer à avancer ensemble serait une faute impardonnable. Car les projets, ça marche ! Pendant que les chefs d’État se chamaillent, les gens sérieux travaillent. Ils construisent des centrales de production d’énergie solaire, développent la jeune Université euroméditerranéenne, en Slovénie, rapprochent les deux rives grâce à la mise en place d’« autoroutes de la mer », financent la suppression progressive des sources de pollution de la Méditerranée, etc. Il faut aller plus vite et plus loin. Je suis, par exemple, partisan de la mise en place d’un système d’échanges universitaires de type Erasmus.
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