Tandja l’encombrant
Embarras à Niamey : la cour de justice de la Cedeao a demandé la libération de l’ancien président, retenu à la Villa verte depuis le putsch du 18 février.
Voilà qui risque de n’arranger ni la junte au pouvoir au Niger, ni même le principal intéressé. Le 8 novembre, la cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a jugé « arbitraire et illégale » la détention de l’ancien président Mamadou Tandja et ordonné sa libération. Son avocat, Souley Oumarou, s’en félicite et appelle « au respect des conventions internationales ». « Le Niger est signataire du traité révisé de la Cedeao, explique-t-il. Or l’article 15 dit bien que les arrêts de la cour sont contraignants et qu’ils s’imposent aux États membres. Mamadou Tandja n’a pas été inculpé ; il doit être libéré. »
Extrajudiciaire
Sauf que cette décision de la Cedeao pourrait compliquer les choses pour l’ancien président. « Il est clair que Tandja est détenu de manière extrajudiciaire, analyse Mohamed Bazoum, ancien ministre et vice-président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Mais il y avait peu de chances pour qu’il soit relâché avant les élections générales du mois de janvier. Peut-être même que le chef de la transition espérait laisser ce dossier à son successeur. La décision de la Cedeao va pousser les autorités à agir, et il se pourrait que l’on s’oriente vers une inculpation, avec un chef d’accusation gravissime et une incarcération dans une vraie prison civile. » Peut-être conscient du risque, le principal intéressé avait d’ailleurs – ans une lettre datée de la fin du mois de juillet et dont l’authenticité a été mise en doute – demandé la clémence du chef de la junte. Il s’était aussi désolidarisé de la plainte déposée par sa famille devant la Cedeao.
Renversé le 18 février 2010 après avoir modifié la Constitution pour se maintenir au pouvoir, Mamadou Tandja est depuis détenu à la Villa verte, au sein même de l’enceinte présidentielle, à Niamey. « Le bâtiment où il réside se trouve juste à côté de celui où Salou Djibo [le chef du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie, NDLR] a installé son bureau, détaille un habitué des lieux. C’est assez spacieux, c’est là qu’étaient souvent hébergés les ministres de passage. Sa famille prépare ses repas, qui lui sont livrés, chaque jour, par un chauffeur. » Pas sûr que tout cela dure très longtemps.
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