Tahar Cheriaa

Héraut du septième art africain, le fondateur des Journées cinématographiques de Carthage est mort le 4 novembre à l’âge de 83 ans.

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Publié le 16 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Défenseur infatigable de la cause des jeunes cinémas du continent, de la nécessité vitale pour les Africains de défendre eux-mêmes leurs identités à travers le septième art, le Tunisien Tahar Cheriaa est mort le 4 novembre à l’âge de 83 ans. Ce professeur d’arabe, critique de cinéma et président des ciné-clubs tunisiens, est nommé directeur du cinéma au ministère de la Culture en 1962. Il finance alors le premier film tunisien, L’Aube, d’Omar Khlifi, et crée la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs, avant de fonder en 1966 les Journées cinématographiques de Carthage (JCC).

Ces dernières deviennent le lieu de l’élaboration d’une stratégie collective de décolonisation des écrans africains, portée par les théories de Tahar Cheriaa, lequel paiera de sa liberté son courageux combat contre les puissantes compagnies hollywoodiennes qui ont pignon sur rue à Tunis et dont il réclame la nationalisation des activités. Incarcéré en 1969 pour « subversion politique clandestine », il est libéré au bout de six mois à la suite d’un non-lieu… Il fonde en 1970, avec Sembène Ousmane, la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), dont il devient le président d’honneur, et est nommé la même année responsable de l’action culturelle de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Son intervention y sera décisive pour que le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) se crée en 1969. Cheriaa espère voir s’établir des connexions entre le nord et le sud du continent. Un rêve qui prend forme avec la création en 1979, à Ouagadougou, du Consortium interafricain de distribution cinématographique, qui réunit les marchés de quatorze pays d’Afrique subsaharienne francophone. Cinq années durant, ce réseau permet de distribuer et de financer des films, avant de disparaître prématurément à la suite de dissensions politiques entre plusieurs de ses États membres.

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Cheriaa continue son combat et crée un festival à Mogadiscio en 1987. Ayant passé son existence au service des autres, affaibli par la maladie, Tahar Cheriaa est apparu en fauteuil roulant lors des dernières JCC, où il a été acclamé le 27 octobre, une semaine avant sa disparition. De la scène du Théâtre de la ville de Tunis, où on lui rendait hommage, il a exhorté les réalisateurs du continent à « rester sincères et honnêtes avec eux-mêmes dans leurs travaux, et d’impliquer leur existence et toutes leurs préoccupations dans des œuvres cinématographiques engagées selon leurs propres désirs, sans aucune soumission à une influence extérieure ou une intervention des autres ». Un grand homme, resté militant et fidèle à son idéal jusqu’à son dernier souffle… 

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