Tunisair prépare l’ouverture du ciel à la concurrence
Un an avant la libéralisation du secteur, l’entreprise aérienne nationale tunisienne, Tunisair, déploie une stratégie tous azimuts pour contrer l’arrivée des compagnies à bas coût.
Ciel africain : les compagnies en ordre de bataille
Dans un an, le ciel tunisien n’appartiendra plus à la seule gazelle stylisée rouge et blanc. Soutenue par les opérateurs du tourisme, qui y voient une mesure primordiale pour la relance de leur secteur, l’ouverture fin 2011 du ciel tunisien contraint Tunisair, la compagnie aérienne nationale, à revoir sa position et son offre.
En dépit d’une flotte vieillissante, de retards récurrents (soixante-quatre minutes en moyenne sur plus de 25 % des vols ces derniers mois) et d’une période moins faste qui l’a contrainte à des réductions de personnel, les résultats financiers du groupe ont néanmoins affiché, pour 2009, un bénéfice net de 54,6 millions de dinars (27,8 millions d’euros), soit la meilleure performance de ses cinq derniers exercices. Mais face à Ryanair, EasyJet, ou encore Transavia – qui dessert déjà Djerba et Monastir –, comment Tunisair résistera-t-il à ces compagnies low cost, déjà sur les rangs pour ce qui s’annonce comme une guerre du ciel ?
Tous azimuts
De fait, « tous azimuts » semble être le mot d’ordre, avec des ambitions aussi bien sur les vols internes qu’au sud du Sahara et à l’international. Le transporteur national compte ainsi renforcer les fréquences sur les escales favorites de ces compagnies à bas coût, et ouvrir en parallèle des lignes nouvelles sur des aéroports, où elles sont peu ou pas présentes.
Dès l’hiver 2010-2011, le nombre de vols augmentera à partir des aéroports de Tunis-Carthage, Monastir, Djerba et Tozeur, vers huit destinations européennes, dont l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Autriche, ou encore la Suisse. L’Europe de l’Est et le Moyen-Orient sont une autre zone de croissance pour Tunisair, qui compte porter à 290 ses vols réguliers pour l’été 2011, contre 270 en 2010 et 200 en 2008. En outre, des lignes non rentables, comme celle d’Amman, seront fermées. Enfin, de nouvelles routes aériennes au sud du Sahara, comme celles prévues vers Douala et Ouagadougou, devraient être opérationnelles début 2011.
Cependant, la compagnie dirigée par Nabil Chettaoui mettra le paquet pour sauvegarder le marché français, qui représente 40 % de son volume d’affaires. Tunisair renforcera donc sa présence sur des villes peu fréquentées par les low-cost comme Bordeaux, Nice, Toulouse et Nantes, soit 24 nouveaux vols réguliers. Elle portera au total à 130 le nombre de dessertes par semaine, entre sept villes françaises et quatre aéroports tunisiens, soit un million de passagers transportés par an, dont près de 300 000 en charter.
Tarifs à la carte
L’autre guerre qui s’annonce est tarifaire. Tunisair compte répondre avec un éventail de tarifs préférentiels sur des destinations européennes telles que Paris, Rome, Francfort ou Milan. Le 25 octobre, Nabil Chettaoui a annoncé qu’il n’y aura plus de tarification unique par destination, mais des prix variant selon le remplissage des vols, le type de billet, et les prestations demandées par le passager. « Depuis deux ans, nous renforçons notre présence sur les lignes à gros potentiel, et nous habituons progressivement la clientèle à nos tarifs préférentiels sur certains jours et à certaines heures avec un nombre de places limité », précise Ali Miaoui, directeur général de Tunisair France. La vente sur internet devrait également prendre de l’ampleur.
Mais, malgré tous ces efforts, et son ambition d’intégrer Star Alliance, le plus important groupement international de compagnies aériennes, l’opérateur anticipe déjà une petite baisse d’activité. Alors que des tarifs tels qu’un Paris-Tunis aller-retour sont déjà annoncés par ses futurs concurrents autour de 80 euros hors taxes, Tunisair prévoit une baisse de l’activité charter, qui ne devrait plus représenter que 30 % de son volume traité en 2011, contre 35 % en 2009.
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