Aviation privée : envolée des jets au sud du Sahara

Les compagnies occidentales d’aviation privée voient en l’Afrique un potentiel de croissance alléchant.

L’Afrique du Sud et le Nigeria draînent 50 % du business. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

L’Afrique du Sud et le Nigeria draînent 50 % du business. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com

Publié le 24 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Ciel africain : les compagnies en ordre de bataille
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Ciel africain : les compagnies en ordre de bataille

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Si la Coupe du monde de football a d’abord expliqué la pointe observée par le secteur du jet en Afrique subsaharienne, de nombreux signes venant des professionnels laissent penser que l’aviation privée dans le continent vit une croissance durable. Ainsi, l’anglais Tag Aviation, le groupe qui a l’une des plus grosses flottes d’avions privés capables de desservir l’Afrique depuis l’Europe, a vu sa demande croître de 30 %. « Il s’agit principalement d’une clientèle d’affaires qui a besoin de joindre un certain nombre de destinations en un temps réduit », explique Walter Stark, vice-président du service charters à Tag Aviation. « Avec les perspectives de croissance économique de la région, nous prévoyons que la tendance se poursuivra. »

Marché assez attrayant

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Le groupe, présent à Hong Kong et en Europe, où il gère notamment l’aéroport dédié à l’aviation d’affaires de Farnborough en Angleterre, étudie aujourd’hui les partenariats envisageables avec des compagnies aériennes africaines afin de proposer des navettes d’affaires et les voies possibles pour offrir les services de maintenance et d’opérations aéroportuaires. Selon Paul Jebely, responsable du service Asie, Moyen-Orient et Afrique chez Ashurst, un cabinet juridique international, les affaires générées par l’aviation privée sur les douze à quatorze derniers mois seraient supérieures à 400 millions de dollars.

VistaJet, une compagnie basée en Suisse, a vu elle aussi la demande croître fortement entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe, et pour des voyages entre le Nigeria, le Congo-Brazzaville, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Son président, Thomas Flohr, estime que VistaJet voit « un important potentiel » dans la région, « particulièrement parmi les grands chefs d’entreprise, les dirigeants dans l’énergie et les membres de gouvernement qui volent régulièrement à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest et entre cette zone et l’Europe. Nous croyons que cette région deviendra bientôt l’une des plus importantes de VistaJet ». Même constat du côté du père du Falcon, le français Dassault, qui a gagné plusieurs contrats avec des gouvernements cette année. Il estime par exemple que le marché sud-africain est « assez attrayant » par rapport à il y a ne serait-ce que deux ans. 

Infrastructures pénalisantes

Tout n’est pourtant pas rose. Mark Wooller, directeur du service aviation d’affaires pour la société de conseil The Independent Bureau of Aviation, reconnaît par exemple que les options sur les avions sont fortement limitées par les infrastructures locales. « Beaucoup de pistes d’atterrissage sont trop courtes, et d’autres ne sont pas complètement planes. » En outre, en dehors des problèmes habituels, les compagnies sont particulièrement préoccupées par les risques juridiques et politiques. « La maintenance est une autre préoccupation », assure-t-il. Enfin, le dernier rapport « Business Aviation Outlook », publié mi-octobre par la société Honeywell, rapporte que les compagnies de jets basées en Afrique seraient moins optimistes qu’en 2009 quant à l’achat de nouveaux avions. Leur plan pour l’expansion de leur flotte sur les cinq prochaines années étant basé sur le niveau économique des États-Unis, leurs perspectives ont été mises à mal par les doutes sur la croissance américaine.

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Une situation qui ne décourage pas Paul Jebely. S’il admet qu’aujourd’hui la moitié du business se fait entre l’Afrique du Sud et le Nigeria, il rappelle que d’autres marchés, comme l’Angola, connaissent une forte progression. Pour lui, le potentiel en Afrique subsaharienne est énorme. Et de conclure : « J’ai décidé pour les deux prochaines années de poursuivre mon déploiement en Asie, mais aussi de me focaliser plus fortement sur l’Afrique. »

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