Maintenance : les motoristes à l’affût des contrats
Peu visible, le marché des moteurs d’avion génère pourtant des milliards de dollars. Le continent attire les leaders mondiaux, qui s’appuient aussi sur les contrats de maintenance.
Ciel africain : les compagnies en ordre de bataille
En remportant deux contrats, coup sur coup, de 200 millions de dollars auprès de Tunisair et de 350 millions de dollars auprès d’Egyptair, le premier motoriste mondial, l’anglais Rolls-Royce, récolte le fruit d’une stratégie active auprès des compagnies aériennes africaines. « L’Afrique est un continent avec un grand potentiel pour l’expansion de l’aviation, explique-t-on à Londres. Dans les vingt ans, le continent devrait acquérir pas moins de 400 nouveaux avions. » Autant d’appareils à motoriser et de contrats juteux à se partager.
L’offensive GE
L’autre leader mondial, l’américain General Electric, entend bien ne pas laisser passer une telle opportunité. Présent en Afrique à travers ses différentes activités (énergie notamment) depuis près d’un siècle, le groupe a réalisé en 2008 un chiffre d’affaires sur le continent de près de 3,5 milliards de dollars et emploie 1 500 salariés. Dernier gros succès en date pour son aile Aviation : ses moteurs GE90, qui équiperont les Boeing 777 de la compagnie Ethiopian Airlines. Un contrat de 350 millions de dollars conclu en 2009 pour une livraison cette année. Fortement présent au Nigeria, GE a vendu pas moins de 95 moteurs, pour 1 milliard de dollars, depuis 2006 à Lagos.
L’américain est également associé au français Snecma (groupe Safran) à travers une coenteprise, CFM International. Avec des usines de fabrication réparties aux États-Unis et en Europe, et des chaînes d’assemblage un peu partout dans le monde, le joint-venture créé en 1974 est leader sur le marché subsaharien du moyen-courrier.
Air Arabia a d’ailleurs pris commande en octobre dernier des moteurs CFM56 (qui équipent, indifféremment, les Airbus A320 et les Boeing 737) pour équiper ses 44 A320. « Nous travaillons aussi avec Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Air Tanzania, Air Namibia… 700 moteurs CFM volent au-dessus de l’Afrique », égrène Gaël Meheust, directeur commercial de Snecma. « Nous accompagnons la croissance économique du continent, poursuit-il, surtout que de nombreuses compagnies envisagent d’acquérir de nouveaux appareils. » Ces bons signes ont en outre poussé la société à « renforcer » sa structure commerciale dédiée à l’Afrique.
Fidéliser les clients
Surtout, la vente de moteurs s’accompagne bien souvent d’un contrat de maintenance, « un bon moyen de fidéliser un client sur le long terme, et de lui donner une visibilité sur ses coûts », assure encore Gaël Meheust. Ainsi, Snecma, qui possède un atelier, Morocco Engine Services, en partenariat avec la Royal Air Maroc (RAM) à Casablanca, a signé en juin un contrat de huit ans avec cette dernière, pour l’entretien et la maintenance des moteurs de ses Boeing. Selon les motoristes, les contrats de maintenance sont de plus en plus indissociables de la vente de moteurs.
Rolls-Royce propose ainsi systématiquement son contrat TotalCare. « Aujourd’hui, tous nos moteurs Trent (motorisation des A330) sont couverts par ce contrat », explique Metin Oktay, vice-président Afrique du groupe anglais. D’autres groupes choisissent de s’allier pour renforcer leur proximité. C’est le cas du canadien Pratt & Whitney et de l’allemand MTU (filiale de DaimlerChrysler), qui ont ouvert un centre de maintenance en Afrique du Sud. La conquête aérienne ne se fait donc pas qu’en l’air, mais aussi au sol.
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