Carton plein pour le premier mall algérien
Le temple de la consommation inauguré aux portes d’Alger au mois d’août connaît une affluence et des ventes records. Son gérant, le suisse Valartis, projette d’en ouvrir un deuxième à Oran fin 2012.
Inauguré le 5 août, le premier centre commercial et de loisirs du pays, installé dans la nouvelle cité d’affaires de Bab Ezzouar, entre l’aéroport et le centre d’Alger, serait-il devenu en quatre mois d’existence le lieu le plus visité d’Algérie ? Ouvert à l’occasion des premiers jours du ramadan, une période propice au shopping, il a connu une fréquentation de 60 000 visiteurs par jour, avec des pointes à 80 000 et 90 000 au cours des premières semaines. Plus de 9 millions d’Algériens ont déjà fait le déplacement, soit presque le double de ce que la capitale compte d’habitants.
Le phénomène de curiosité passé, la fréquentation s’est stabilisée entre 25 000 et 30 000 visiteurs quotidiens. « C’est plus que ce qu’on attendait, mais ce qui nous a le plus surpris, c’est qu’il y a parmi eux entre 55 % et 60 % d’acheteurs », explique Alain Rolland, président de la Société des centres commerciaux d’Algérie (SCCA), détenue par trois groupes suisses : Valartis International (20 %), Jelmoli, l’un des leaders hélvètes de la grande distribution (45 %), et la société d’investissement Darsi Investment (35 %).
Sur place, les visiteurs découvrent le tout premier hypermarché du pays (5 000 m2), à l’enseigne Uno. Exploité par Numidis, la filiale distribution du groupe Cevital, il est enveloppé sur 32 000 m2 par près d’une centaine de boutiques de marques internationales (Lacoste, Samsonite, Swatch, Geox…), dont certaines signent leur entrée dans le pays (Nike, Afflelou…). « C’est une palette représentative de ce qu’on peut trouver en Europe dans un centre commercial », se félicite Alain Rolland. Avec, en plus, des enseignes turques (Lufian) et locales (ameublement, décoration…), ces dernières faisant tout sauf de la figuration : elles représentent 40 % des marques installées dans le centre. Enfin, un parking de 1 700 places, un bowling et deux tours totalisant 20 000 m2 de bureaux, dont la commercialisation vient de débuter, complètent ce temple de la grande consommation.
« La première année d’exploitation dégagera un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros. C’est supérieur à ce que nous avions prévu », avance le patron de SCCA. Même satisfaction auprès des marques qui louent les boutiques. Elles affichent en moyenne des revenus de 20 % à 30 % plus élevés que prévu. « Nous avons une clientèle de classe moyenne au pouvoir d’achat proche de celui des Européens ou des Turcs il y a dix ans. Elle ne vient pas pour faire du lèche-vitrines, mais avec l’intention d’acheter », relève-t-il. Dans un pays où le salaire mensuel moyen est compris entre 170 et 180 euros, le panier d’achat moyen dans le centre de Bab Ezzouar se situe autour de 20 euros – les promoteurs l’évaluaient entre 12 et 13 euros.
Bientôt Tlemcen et Sétif ?
« L’investissement est suisse à 100 %, assure Alain Rolland. Nous n’avons pas la démarche d’un investisseur qui vient placer de l’argent dans un projet. Notre métier est de concevoir, construire et exploiter des centres commerciaux, et pour cela nous souhaitons le contrôle total de l’investissement. » Ce qui n’empêche pas Valartis d’avoir négocié des avantages fiscaux – exonération de la TVA, non-imposition des bénéfices pendant les cinq premières années d’exploitation – ou de compter des appuis solides, capables d’ouvrir toutes les portes, dans le milieu des affaires. Comme Issad Rebrab, fondateur de Cevital, ou Reda Hamiani, patron des patrons algériens et ancien ministre du Commerce.
Né à Alger en 1948, Alain Rolland retrouve donc le succès en renouant avec le pays de son enfance, qu’il a quitté à 14 ans. Et déjà, le Suisse est sur le pont pour un nouveau centre commercial, à Oran. Le terrain de 5 hectares est acquis, le montage financier en cours pour un investissement de 40 millions d’euros. L’ouverture est prévue pour la fin de 2012 ou le début de 2013. Un mall dans le centre d’Alger est aussi en projet. Et les villes de Tlemcen et de Sétif ont fait part de leur intérêt pour avoir, elles aussi, leur centre commercial.
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