Économie : faut-il croire à la révolution ?
Production aurifère en hausse, industries agroalimentaires en pleine diversification, BTP florissants et services au beau fixe… Après une sérieuse baisse de régime en 2008, l’économie burkinabè semble aujourd’hui survitaminée. De nouveaux secteurs s’essaient même à l’export
Il était une fois le Burkina…
Sa contribution au produit intérieur brut (PIB) est encore faible, puisqu’elle n’est que de 2,8 %, mais les mines sont devenues l’un des secteurs les plus prometteurs du Burkina Faso. Secteur qui a d’ailleurs fait une percée remarquée en 2009 pour avoir raflé au coton la première place en valeur dans les exportations du pays.
La production aurifère, de l’ordre de 11 tonnes par an et assurée jusqu’à présent par cinq gisements, devrait doubler en 2011 grâce à l’entrée en exploitation d’une nouvelle mine, de rang mondial, celle d’Essakane, dont les réserves aurifères sont estimées à 130 t. Située dans la région du Sahel, dans le nord du pays, la mine est exploitée par Essakane SA, dont le canadien Iamgold est actionnaire majoritaire (90 %) aux côtés de l’État. Pas moins de 450 millions de dollars (320 millions d’euros) ont été investis dans sa construction, pour une production d’environ 10 t d’or par an.
Mais l’éclat du précieux métal ne doit pas effacer les autres filières. Pour l’heure, le secteur agropastoral, qui devrait enregistrer une croissance de 7 % en 2010, et celui des services restent les points forts du pays.
Succès agro-industriels
Hormis la production de canne à sucre, assurée par la Nouvelle société sucrière de la Comoé (SN-Sosuco), à Banfora (région des Cascades), la production vivrière, maraîchère et cotonnière ainsi que l’élevage sont essentiellement le fait de petits producteurs. Lesquels se montrent plutôt dynamiques en se lançant à la conquête des marchés côtiers, très demandeurs de viande, de produits maraîchers et de céréales.
Les choses bougent dans l’industrie manufacturière (12 % du PIB). En pleine restructuration, la Société des fibres textiles du Burkina Faso (Sofitex), qui assure l’égrenage du coton, a bénéficié d’un prêt de 24,532 milliards de F CFA (37,4 millions d’euros) de la Banque islamique de développement (BID). De quoi relancer la culture cotonnière, qui mise sur le coton génétiquement modifié.
Des nouveautés aussi dans la filière boissons. Installées à Ouagadougou, les Brasseries du Faso (Brafaso) du Burkinabè Pangueba Mohamed Sogli se sont dotées d’une nouvelle chaîne de production de bière d’une capacité de 40 000 bouteilles/heure, représentant un investissement d’environ 30 milliards de F CFA. Outre la bière, l’eau minérale et les boissons sucrées, Brafaso envisage de fabriquer aussi des jus de fruits à partir de produits locaux. Par ailleurs, en coopération avec Taiwan, une unité de transformation du sorgho rouge en liqueur, commercialisée sous la marque Spirigho, a été inaugurée le mois dernier près de Ziniaré. Coût de l’investissement : 2,25 milliards de F CFA.
La transformation industrielle des céréales semble également avoir le vent en poupe. Après avoir su déceler un marché porteur, avec des débouchés dans la sous-région, un groupe de Burkinabè a investi 1 milliard de F CFA pour relancer la Société industrielle de transformation et de commercialisation de céréales (Sitrac). Basée à Ouagadougou, l’entreprise produit du gritz, une semoule de maïs pour brasseries (dont une partie est exportée vers le Mali et le Niger), ainsi que du son pour bétail.
De son côté, la Société de meunerie et d’emballage de légumes secs (Mels) a mis en place, en 2009, une unité de transformation du maïs, dont la gamme de produits (farine sèche, semoule et brisure de maïs) est destinée aux brasseries et aux particuliers.
Enfin, inaugurée en juillet 2010, la première usine de production de biocarburant à base de graines de jatropha du pays, Belwet Biocarburant – dont le promoteur est le Larlé Naba (chef traditionnel) et député Victor Tiendrébéogo –, pourrait faire des émules.
BTP et Services : la course se poursuit
Autre secteur florissant, celui du bâtiment et des travaux publics, dont les prévisions de croissance sont de 10 % en 2011. Une bonne nouvelle pour les entreprises de la filière, qui profitent des chantiers d’infrastructures routières et du boom immobilier.
Parmi les sociétés profitant de cette embellie, le groupement Kara/Société africaine de construction de barrages, d’aménagements hydro-agricoles et de travaux publics (Sacba-TP) a obtenu le marché d’interconnexion des routes nationales 1 et 4, près de Ouagadougou. Quant à Ebomaf (Bonkoungou Mahamadou & fils), autre entreprise de génie civil burkinabè, elle a raflé un chantier au Togo d’une douzaine de milliards de F CFA.
Pour le secteur tertiaire, dont l’activité s’est accrue de 2,5 % en 2009 (contre 1,5 % en 2008), les perspectives sont également plutôt bonnes, avec 11 % de croissance en 2010 et 11 % attendus en 2011, qui devraient profiter au commerce, aux transports et au secteur financier.
Quant à la téléphonie mobile, dont le chef de file est Telmob, filiale de l’Office national de télécommunications (Onatel), elle pourrait voir s’installer un quatrième opérateur.
Enfin, le tourisme d’affaires et de loisirs ainsi que l’artisanat poursuivent leur ascension. D’importants investissements ont déjà été réalisés dans le parc hôtelier, avec la construction ou la rénovation d’hôtels, dont le fleuron est le Laico Ouaga 2000, suivi de l’Azalaï-Indépendance et de l’ex-Mercure Silmandé, repris par le propriétaire du Splendid Hotel, à Ouagadougou. Ce dernier n’est pas le seul Burkinabè à s’être lancé dans l’hôtellerie. Des groupes nationaux – Soyaf, Somketa et Jackson – ont même créé des chaînes hôtelières, tandis que d’autres cherchent à développer des projets dans l’écotourisme, l’organisation de salons et la création artisanale, dont le Burkina Faso s’est fait une spécialité.
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