Présidentielle : Compaoré l’archifavori, archi-élu

Blaise Compaoré a été confortablement réinstallé dans son fauteuil dès le premier tour, dimanche 21 novembre. Aucun de ses opposants, dont Arba Diallo et Bénéwendé Sankara, n’a pas atteint le score de 10 %.

Meeting du président-candidat burkinabé, Blaise Comparoré, le 19 novembre. © AFP

Meeting du président-candidat burkinabé, Blaise Comparoré, le 19 novembre. © AFP

Publié le 20 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Il était une fois le Burkina…
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Même le hasard le place en tête. Le 17 octobre, le tirage au sort pour définir le positionnement, sur le bulletin de vote, de chacun des sept candidats à l’élection présidentielle des 21 novembre et 5 décembre est allé dans le sens des pronostics : Blaise Compaoré a tiré le numéro 1. Il sera donc en première position sur le bulletin unique, et devant ses deux principaux outsiders : Arba Diallo (n° 2) et Bénéwendé Sankara (n° 3). À l’issue du scrutin de dimanche qui a sacré le président sortant avec près de 80 % des votes, le même podium a été reconduit.

Parmi les candidats, seuls Sankara et Diallo semblent en mesure de faire bonne figure. Les autres (Boukary Kaboré, dit le Lion, ex-compagnon de révolution de Thomas Sankara, François Kaboré, l’héritier de Joseph Ki-Zerbo, Maxime Kaboré, l’indépendant venu de Belgique, et Emile Paré) auront bien du mal à exister. Certains n’ont même pas cru bon de tenter leur chance, tels Zéphirin Diabré et Hermann Yaméogo, candidat malheureux en 2005.

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Quelle opposition ?

Comme lors de ses précédentes campagnes, Compaoré s’est présenté en archifavori. En 1991, il n’avait pas d’adversaire. En 1998, il n’avait face à lui que deux candidats qualifiés de faire-valoir. En 2005, sur douze concurrents, aucun n’était en mesure de le battre (il avait recueilli 80,3 % des voix). Cette année, il a fait aussi bien, sinon mieux.

« L’élection est jouée d’avance, reconnaîssait Bénéwendé Sankara, le chef de file de l’opposition. Le parti au pouvoir compte 90 % des députés, il contrôle l’administration, l’armée et l’économie. » Même les chefs traditionnels sont, pour la plupart, dans le camp du président.

Mais si Compaoré ne s’est pas fait trop de souci, ce n’est pas seulement parce qu’il a verrouillé le système et que son statut de sortant lui a donné des moyens supérieurs à ses adversaires pour battre campagne. Ce n’est pas non plus parce que le bilan de son dernier mandat est positif ni parce qu’il a été soutenu par les deux partis les mieux représentés à l’Assemblée nationale : le sien, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), et l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA). C’est aussi parce que l’opposition a été désunie, comme toujours. « Tant qu’on aura 156 partis politiques et une société civile déstructurée, l’alternance sera impossible », constate Alidou Ouédraogo, membre du Collectif contre l’impunité.

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Rendez-vous 2015 ?

En panne d’arguments, l’opposition en s’est contenté de dénoncer les ratés dans le processus d’inscription des électeurs, à la suite de la décision de nettoyer intégralement les listes. Selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), seuls 3,2 millions de Burkinabè ont été inscrits. « C’est moins qu’en 2005 », a noté Sankara (il y avait alors 3,9 millions d’inscrits), « pourtant, il ne me semble pas que la population du pays ait baissé… »

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Dans ce contexte, la campagne a eu bien du mal à démarrer. Si les favoris ont parcouru le pays depuis début novembre et enchaîné les meetings, les autres s’étaient contentés de faire du porte­-à-porte. « Pourquoi dépenser tout son argent alors qu’on sait qu’on n’a aucune chance ? », maugrée un observateur indépendant.

Compaoré, lui, sûr de sa victoire, a pu se payer le luxe d’alterner meetings de campagne en chemise à son effigie et entreprises de médiation en Guinée, où il s’est rendu le jour même du lancement officiel de la campagne électorale. Dans son entourage, on pense déjà à 2015 et à la meilleure stratégie pour faire accepter aux Burkinabè la levée de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Car le chef de l’État a beau être encore jeune – il fêtera ses 60 ans en février 2011, dont vingt-trois à la tête du pays –, la Constitution révisée en 2000 ne lui permet pas de se représenter.

« Dans d’autres pays, reconnus comme des démocraties, le nombre de mandats n’est pas limité. Pourquoi dans notre pays ce ne serait pas démocratique ? », souligne l’un des plus ardents militants d’une nouvelle révision de la Constitution, le président du CDP, Roch Marc Christian Kaboré, par ailleurs président de l’Assemblée nationale.

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