Si proches, si différents
Entre Abidjan et Ouagadougou les relations n’ont pas toujours été simples malgré leurs réalités géopolitiques indissociables.
Il était une fois le Burkina…
Le 21 septembre, un hommage était rendu à Ouagadougou au facilitateur du dialogue direct interivoirien, le président burkinabè Blaise Compaoré, pour sa contribution au règlement du conflit ivoirien lors de la septième réunion du Cadre permanent de concertation, l’organe de contrôle de l’Accord politique de Ouagadougou, signé en mars 2007.
Qui aurait imaginé, huit ans plus tôt jour pour jour, alors qu’éclate la crise politico-militaire ivoirienne, un tel renversement de situation ? Accusé alors par Abidjan de soutenir le mouvement rebelle armé de Guillaume Soro dans sa tentative de renverser le régime ivoirien, le Burkina Faso décide de fermer ses frontières terrestres avec la Côte d’Ivoire, qui réplique en coupant les liaisons téléphoniques avec son voisin. Pendant ce temps, malmenés par les tenants de « l’ivoirité », nombre de Burkinabè installés en Côte d’ivoire quittent le pays pour se réfugier au Burkina Faso. Rien ne va plus entre Abidjan et Ouagadougou.
Outre la rencontre, en novembre 2003, à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, entre Blaise Compaoré et le chef de l’État ivoirien, Laurent Gbagbo, le dégel des relations entre les deux pays débute en juillet 2004 avec la tenue à Abidjan de la troisième réunion de la Grande Commission mixte de coopération ivoiro-burkinabè. Nommé, à partir de 2006, à la demande de Gbagbo, facilitateur du dialogue direct interivoirien, Compaoré se rendra à Abidjan le 22 février 2009, pour le foot, à l’occasion de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Une visite certes privée, mais la première depuis dix ans. Peu de temps après, en septembre 2009, Compaoré effectuera sa première visite officielle en Côte d’Ivoire. Un signal fort pour les deux pays. De quoi rassurer aussi la communauté burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. Pouvait-il en être autrement ?
Histoire commune, destins liés
Depuis des siècles, le destin des deux pays est intimement lié. Avant la colonisation, les royaumes et chefferies du Sud et du Nord, dont les économies étaient complémentaires, échangeaient déjà nombre de marchandises : cola et autres produits de la forêt contre céréales, cuirs et peaux, ou sel du Sahel. D’où le surnom de « pays de la cola » donné à la Côte d’Ivoire. Ce commerce était assuré alors par des marchands d’origine mandingue : les Dioulas (un nom qui désigne abusivement une ethnie).
Durant la colonisation, un phénomène nouveau apparaît avec la migration forcée de nombreux ressortissants de la colonie de Haute-Volta vers les pays côtiers. D’abord vers la Gold Coast (actuel Ghana), puis vers la Côte d’Ivoire, à la suite du rattachement à cette colonie, en 1932, de la plus grande partie de la colonie de Haute-Volta (qui disparaît de la carte jusqu’en 1947) et de la fermeture de la frontière avec le Ghana entre 1940 et 1945. Même après la fin du travail forcé, en 1946, le mouvement migratoire s’est poursuivi jusqu’à l’indépendance et après, sous l’impulsion des planteurs ivoiriens, qui avaient besoin d’une main-d’œuvre bon marché.
Plus de 2 millions de Burkinabè vivent actuellement en Côte d’Ivoire (qui compte 20 millions d’habitants), dont les transferts d’argent jouent un rôle important dans l’économie du Burkina Faso. Depuis novembre 2007, en tant que ressortissants de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest, ils n’ont plus besoin de carte de séjour…
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