Quand Kadhafi fait libérer… des journalistes

Vingt confrères arrêtés par l’agence de sécurité intérieure et presque aussitôt relâchés sur ordre express du « Guide ».

Les vingt journalistes interpellés travaillent pour Al-Ghad, le groupe appartenant à Seif el-Islam © DR

Les vingt journalistes interpellés travaillent pour Al-Ghad, le groupe appartenant à Seif el-Islam © DR

Publié le 18 novembre 2010 Lecture : 1 minute.

Mouammar Kadhafi n’est pas réputé pour son attachement à la liberté de la presse (la Libye est 160e sur 178 au classement de Reporters sans frontières). Le 8 novembre, le « Guide » a pourtant exigé et obtenu la libération de vingt journalistes travaillant pour des publications d’Al-Ghad, groupe de médias détenu par son fils, Seif el-Islam Kadhafi, 38 ans. L’agence de sécurité intérieure aurait appréhendé nos confrères en deux temps, le 5 et le 7 novembre. Aucune information n’a filtré sur leur lieu de détention, ni sur les conditions de leur libération et les raisons de leur arrestation. Mais, selon plusieurs observateurs, un éditorial de l’hebdomadaire Oéa (du groupe Al-Ghad) daté de septembre pourrait être à l’origine de ce rocambolesque coup de filet.

Ledit texte appelait de ses vœux le retour de compagnons de la première heure de Mouammar Kadhafi, comme Abdessalam Jalloud, ancien numéro deux du régime, en disgrâce depuis 1995. Une proposition qui équivaut à une remise en question du système actuel, ce qui n’aurait pas été du goût de caciques du régime en place, comme son idéologue Ahmed Ibrahim, par ailleurs cousin du « Guide ». D’abord muet, ce dernier aurait fini par trancher en faveur de son fils, dans un contexte de guerre larvée entre réformateurs, incarnés par Seif el-Islam, et conservateurs, et a choisi de médiatiser son annonce.

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Il se peut aussi que Mouammar Kadhafi ait voulu envoyer un signal à la communauté internationale. Membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU depuis juin dernier (et jusqu’en 2013), son pays passait, le 9 novembre, l’« examen périodique universel », une séance publique de questions-réponses de trois heures environ, au siège de Genève. Comme souvent lors de ce type d’exercice, des pays « amis » étaient les premiers à intervenir, notamment l’Algérie, le Qatar, la Syrie ou le Soudan. Mais, « pour une question d’image, beaucoup d’États prennent certaines mesures juste avant l’examen », explique une source au sein du Conseil. 

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