Elisabeth Guigou : « Damas peut avoir un rôle stabilisateur dans la région »
Présidente PS de la mission d’information parlementaire française Quel chemin pour Damas ?, Elisabeth Guigou estime que la Syrie est sur la bonne voie, même s’il reste beaucoup à faire.
Jeune Afrique : Comment jugez-vous la politique syrienne depuis dix ans ?
Élisabeth Guigou : L’ouverture économique et politique de la Syrie, à laquelle tient le président Bachar al-Assad, me paraît irréversible, même si elle est trop lente. Le président a sorti son pays de l’isolement international. Il reste énormément à faire, mais Damas va dans le bon sens.
Sur la question du Liban, la Syrie a encore des progrès importants à accomplir, sur les disparus, la délimitation de la frontière et le problème des armes. Elle a en tout cas fait des efforts ces dernières années, par exemple en acceptant le Tribunal pénal international sur l’assassinat de Rafic Hariri ou en reconnaissant les résultats des législatives au Liban – pourtant défavorables à ses partisans. La Syrie est un pays incontournable qui peut avoir un rôle stabilisateur dans la région, notamment par sa proximité avec l’Iran, à laquelle l’on aurait tort de vouloir lui faire renoncer.
Quel peut être le rôle de l’Union européenne (UE) ?
Aujourd’hui, la Syrie est très intéressée par les projets euroméditerranéens, notamment la dépollution de la Méditerranée ou la coopération agricole. Une des priorités pour l’UE est d’ailleurs d’obtenir la signature de l’accord d’association avec Damas élaboré en 2004, mais bloqué depuis 2009 à cause d’un problème initial de protocole. Mais l’on débat aussi du volume des compensations financières que toucherait Damas pour mettre en œuvre un accord de libre-échange avec l’UE. Les Syriens ont raison de rappeler le montant obtenu par la Jordanie, pourtant bien moins peuplée (250 millions d’euros, contre 150 millions proposés à la Syrie). Le négociateur européen attend les demandes chiffrées syriennes.
Et sur les questions régionales ?
L’UE devrait être plus allante en matière de médiation dans le conflit israélo-arabe. Damas prône un règlement global et pas seulement celui du Golan occupé. La médiation turque entre Israël et la Syrie en 2008 a donné des résultats. Les termes d’un accord de paix sont connus, mais les conditions ne sont pas réunies, comme le montrent les provocations du gouvernement Netanyahou.
Qu’attend l’UE de Damas en matière de politique intérieure ?
Tous les accords d’association avec l’UE comportent une clause liée aux droits de l’homme. Nous n’attendons pas des résultats immédiats de Damas, mais des engagements : sur les libertés politiques, l’indépendance de la presse, le respect des droits des minorités – notamment ceux des Kurdes.
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