Trois hommes pour un fauteuil

Ikililou Dhoinine, Mohamed Said Fazul et Abdou Djabir ont passé le cap des primaires, le 7 novembre. Le premier, soutenu par la machine présidentielle, part favori.

Des électeurs comoriens lors du premier tour de l’élection présidentielle sur l’île de Mohéli. © AFP

Des électeurs comoriens lors du premier tour de l’élection présidentielle sur l’île de Mohéli. © AFP

Publié le 22 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

C’était pour lui l’étape la plus délicate. Ikililou Dhoinine, que ses détracteurs, dans son île de Mohéli, appellent « le larbin » du président Sambi, a franchi l’obstacle des primaires. Arrivé en tête avec 28,19 % des suffrages, selon les résultats définitifs validés par la Cour constitutionnelle, à l’issue d’un scrutin décrié par l’opposition mais qualifié d’« acceptable » par l’Observatoire national des élections, Dhoinine, soutenu par le pouvoir, devance Mohamed Said Fazul (22,94 %) et Abdou Djabir (9,88 %). Un temps annoncé en troisième position, Bianrifi Tarmidi a rétrogradé d’une place après l’annulation par la Cour constitutionnelle des résultats d’un bureau de vote de sa localité, Nioumachoua, dans lequel des bulletins mal cochés auraient été décomptés en sa faveur.

L’un des grands perdants, Mohamed Larif Oukacha, un dissident de la mouvance présidentielle soutenu par Idi Nadhoim, l’un des deux vice-présidents, est loin derrière. « Ne me demandez pas d’analyser, je n’ai rien compris à cette élection », avoue ce dernier.

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C’est l’une des principales curiosités de la Constitution comorienne : le 7 novembre, 21 500 électeurs (à peine plus de 5 % du corps électoral) ont choisi les trois prétendants à la présidence qu’auront à élire, le 26 décembre, 384 000 Comoriens inscrits sur les listes électorales. Ils ne doivent ce privilège ni à leur fonction ni à leur patrimoine, mais à leur origine.

Selon le principe de « la tournante » adopté en 2001 pour mettre fin aux mouvements séparatistes, des primaires sont organisées dans l’île dont doit être originaire le futur président, et les trois candidats arrivés en tête sont qualifiés pour le scrutin à un tour auquel, cette fois, participent l’ensemble des habitants des trois îles. Déjà éprouvé en 2002 (en Grande Comore, 345 000 habitants) et en 2006 (à Anjouan, 200 000 habitants), ce processus électoral déroute les observateurs cette année, du fait du faible nombre d’électeurs mohéliens.

« Les résultats de ces primaires ne nous apprennent pas grand-chose, reconnaît un journaliste politique. Si ce n’est que l’opposition a échoué à faire tomber le candidat du pouvoir. » Incapables de s’entendre, les opposants se sont présentés en rangs dispersés. Une grave erreur, comme le note un membre de l’équipe d’Oukacha : « Notre seule chance était qu’Ikililou Dhoinine tombe dès les primaires. » Car Dhoinine a beau être mohélien, c’est dans les deux autres îles qu’il a le plus de soutiens.

Il pourra compter, pour la seconde partie de cette campagne, sur les moyens de l’État et une image d’homme intègre. Ce pharmacien de 48 ans, arrivé tard dans la politique, jouit en outre du soutien de Sambi, toujours très populaire – surtout chez lui, à Anjouan. Il devrait ainsi l’emporter largement dans cette île. De quoi faire la différence avec ses concurrents, d’autant que les résultats devraient être plus serrés en Grande Comore.

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