Les princesses émiraties et leurs cendrillons
Neuf personnes, dont huit princesses émiraties, ont été inculpées au début de novembre en Belgique pour « traitements inhumains et dégradants ». En cause : des mauvais traitements infligés sur des bonnes marocaines, tunisiennes, érythréennes, chinoises ou philippines…
C’est une histoire de princesses, mais qui n’a rien d’un conte de fées. Le 6 novembre, à Bruxelles, le juge Jean-Claude Van Espen a bouclé l’instruction de l’affaire dite « des princesses du Conrad ». L’auditeur du travail [équivalent du ministère public, NDLR] a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de neuf inculpées, dont huit altesses émiraties, pour « traitements inhumains et dégradants », doublés de « séquestration et de trafic d’êtres humains » exercés à l’encontre de vingt-trois de leurs employées.
L’affaire avait fait les gros titres de la presse belge durant l’été 2008. Le 1er juillet, une quarantaine de policiers et des membres de l’inspection sociale font une descente au Conrad, célèbre palace bruxellois où cinq princesses et leurs filles louent depuis plusieurs mois les 54 pièces du quatrième étage, dont une suite royale à 15 millions d’euros l’année. Parmi elles, la princesse Hamda, 64 ans, veuve de l’émir Mohamed Ibn Khaled Al Nahyan.
La plainte a été déposée par deux anciennes employées, qui sont parvenues à s’enfuir de leur prison dorée. L’une d’elles, Jamila, une cuisinière marocaine de 32 ans, raconte qu’elle est corvéable à merci, n’a le droit de dormir que trois heures par nuit, dans un couloir à même le sol, et se fait régulièrement insulter par ses employeurs, qui la traitent de « chienne » et de « pétasse ».
Les vingt-trois domestiques, de huit nationalités différentes, sont notamment originaires du Maroc, de Tunisie, de Chine, des Philippines et d’Érythrée. Selon l’auditeur, leurs patronnes leur ont « infligé intentionnellement de graves souffrances mentales et physiques, des humiliations et avilissements graves », abusant de la situation « particulièrement vulnérable dans laquelle [elles] se trouvaient » (séjour illégal sur le territoire belge, grossesse de l’une d’entre elles…). Les inculpées sont de surcroît accusées de n’avoir pas versé de rémunération à vingt-deux de ces employées, pour un montant estimé à 124 000 euros.
Entre-temps, les huit princesses ont pu quitter le pays, peu après avoir été entendues par la police. Quant à la direction du Conrad, elle ne sera finalement pas inquiétée. Certes, les employées maltraitées se servaient des cuisines de l’hôtel pour préparer les repas de leurs patronnes, « mais nous ne posons pas de questions au personnel de si bons clients », avait benoîtement déclaré Marc De Beer, le responsable du palace, en 2008.
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