G20 : un bon plan pour les pauvres
Passé l’inévitable frustration que suscitent les communiqués alambiqués du G20, son cinquième sommet, organisé les 11 et 12 novembre à Séoul (Corée du Sud), apparaît satisfaisant pour le monde en développement, la pause décrétée dans la « guerre des monnaies » concernant surtout les mastodontes américain, européen et asiatique.
Le G20 a en effet repris le dossier de l’aide, que le G8 avait laissé au stade des belles promesses depuis le sommet de Gleneagles en 2005. À l’instigation de la Corée du Sud, il a adopté un document intitulé « Consensus de Séoul pour une croissance partagée », qui réaffirme que « l’aide publique au développement reste essentielle pour le développement des pays à très bas revenus ».
Aides prioritaires
Cette petite phrase est plus importante qu’il n’y paraît. Car, pour s’excuser de ne pouvoir, dans une conjoncture économique difficile, maintenir leur aide aux pays les moins avancés, les pays donateurs auraient pu se réfugier derrière le fameux « consensus de Washington » et arguer que le développement des pays pauvres ne repose que sur la croissance et sur les réformes structurelles engagées chez ces derniers. Or, non seulement le G20 n’a pas succombé à cette tentation, mais il a élaboré un « plan d’action pluriannuel » qui établit une liste des domaines où l’aide doit se porter en priorité. En premier lieu, les infrastructures (énergie, transports, communications), qui représentent souvent des goulets d’étranglement pour les pays pauvres, les ressources humaines (notamment l’amélioration de la qualification de la main-d’œuvre) et la disparition des barrières commerciales qui empêchent les pays en développement d’accéder aux marchés des pays industrialisés.
Le document rappelle l’importance des investissements privés pour la création d’emplois et la nécessité de conforter la sécurité alimentaire menacée par la volatilité des prix. Il propose aussi la mise en place de filets de protection sociale, un rapatriement plus facile des revenus des émigrés et l’institution de systèmes fiscaux efficaces.
Manque l’argent, soulignent les ONG. « Le G20 a un demi-plan d’action sur le développement : il a élaboré un plan prometteur, mais où est l’action ? » commente Luc Lamprière, directeur général de l’ONG Oxfam France. Réponse au cours de la présidence française du G20, Nicolas Sarkozy préconisant une taxation des transactions financières parmi les financements « innovants », c’est-à-dire extrabudgétaires, de l’aide.
Droits de vote au FMI
Autre motif de satisfaction pour le monde en développement, la réforme du Fonds monétaire international (FMI). Longtemps promise, enfin bouclée, celle-ci transfère 6 % des quotas et des droits de vote des pays riches aux pays pauvres. La Chine devient ainsi le troisième actionnaire du Fonds, l’Inde le huitième, le Mexique le quatorzième et la Corée du Sud le seizième.
Par ailleurs, l’Europe, qui détient neuf sièges sur les vingt-quatre que compte le conseil d’administration du FMI, a accepté d’en céder deux aux pays émergents. Enfin, il a été décidé d’augmenter les quotas de base des pays pauvres, notamment d’Afrique, de façon à ce que leurs droits de vote ne soient pas dilués par le doublement du capital du Fonds à 750 milliards de dollars. Mieux encore, il a été décidé de revoir dans deux ans cet équilibre, qui confère aux pays développés 53,3 % des droits de vote, contre 60,6 % en 2006.
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