L’Afrique selon Martin Parr
La quatrième Biennale de la photographie de Brighton, au Royaume-Uni, consacre une place inattendue au continent. À voir jusqu’au 14 novembre.
À Brighton, « parapluie + photographie = une biennale british qui décoiffe ». Cette quatrième édition de la Biennale de Brighton, placée sous le commissariat de Martin Parr, propose des regards décalés comme les affectionne le photographe britannique. Dans sa sélection, on notera une représentation inattendue de l’Afrique, inspirée par sa participation à la Biennale de Bamako, en novembre 2009. « Je n’ai pas pensé à un thème général. J’ai juste voulu montrer les meilleurs travaux que j’ai découverts ces dernières années. La sélection est très large… » explique Martin Parr, qui aime donc Mohamed Bourouissa, jeune photographe d’origine algérienne qui joue avec les codes de la banlieue française et les met en scène. Ou bien encore le Sénégalais Oumar Ly, 67 ans, qui s’inscrit dans la lignée des Malick Sidibé et Seydou Keita. Mais Parr a aussi exhumé une étonnante série de Billy Monk, chroniqueur des chaudes nuits du Catacombs Club du Cap, dans les années 1960. Un monde de Blancs, d’argent et d’alcool. Une vision unique de cette période… « Billy Monk a une histoire incroyable. Avec la photographie, son autre passion c’était les diamants », commente Martin Parr.
Déraciner le regard
En parallèle, au premier étage du Co-op Building de la ville, on tombe sur la sélection « Uprooting the Gaze » de la Brighton Photo Fringe, avec six artistes du continent. « Déraciner le regard, c’est ce que j’ai voulu faire ici », explique la commissaire Christine Eyéné. « Ces photographes ont été invités à Lyon pour le projet « Passages 2010 : Afrique et créations », organisé par le musée des Confluences et la Fondation Blachère. Un véritable work in progress dans la ville. J’ai voulu reprendre cette idée de passage, de transition. Ces Africains d’Afrique et de la diaspora étaient tous étrangers à la ville de Lyon. J’ai observé comment chacun cherchait à recréer des codes familiers. » Il y a le Nigérian Uche Okpa-Iroha, qui s’intéresse à la marginalité et aux graffitis, à Lagos comme à Lyon. Mais aussi la Sud-Africaine Zanele Muholi, connue pour son engagement photographique auprès des gays et des transsexuels. Ou encore le Congolais Baudouin Mouanda, qui propose une déambulation en noir et blanc, où ses contre-plongées et ses lignes de fuite font mouche. Le Burkinabè Nestor Da, quant à lui, mélange Afrique et Europe dans ses collages d’art.
« C’est une série qu’on ne peut pas qualifier de photographie africaine. Avec cette exposition, j’ai voulu montrer une photographie sans stigmate. D’ailleurs, peut-on vraiment définir la photographie africaine ? » s’interroge Christine Eyéné. La réponse se trouve dans la vidéo du Sud-Africain Breeze Yoko, Prix de la Fondation Blachère à la biennale de Dakar 2008 (Dak’Art), et qui a filmé tout le projet. On y voit des photographes en action. Simplement.
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