Jouer Genet en sa demeure
Au Maroc, Jean Genet connaissait bien Meknès – il y avait été en garnison en 1931 – et Tanger. Il y comptait des amants et y entretenait des amitiés, avec notamment Tahar Ben Jelloun ou Mohamed Choukri, l’auteur du Pain nu. Et puis, sur la fin, il possédait une maison à Larache, à 100 km au sud de Tanger, où il avait ses habitudes au café du coin, le Lixus. Apatride de cœur, il a choisi d’y être enterré. Vingt-quatre ans après sa mort (le 15 avril 1986), sa tombe, dans le cimetière de Larache, est comme toutes les autres : blanche, regardant la mer, ni moins bien ni mieux entretenue.
Il n’est pas dit que Genet, rétif aux normes, aurait voulu un mausolée. Le Maroc ne l’a pas oublié. On y a déjà joué Les Bonnes, sa pièce la plus célèbre, traduite en arabe, et lu ses textes sur la Palestine : Quatre heures à Chatila, Un captif amoureux. Mais le reste de son œuvre est méconnu.
Du 10 au 19 décembre, Splendid’s sera joué pour la première fois dans le pays, à Fès, Tétouan, Tanger et Larache (où, en l’absence de théâtre, le vieux cinéma Avenida sera rouvert pour l’occasion), dans le cadre des Rencontres du café Lixus, avec le soutien de plusieurs instituts français. Grotesque tentative d’une bande de malfrats pour échapper à un assaut des forces de l’ordre – le tout à huis clos, dans un hôtel de luxe –, c’est « une pièce efficace, accessible, lisible », dit la metteuse en scène Cristèle Alves Meira. Comédiens marocains, plusieurs répliques en arabe : elle a fait le choix « de déplacer l’imaginaire et d’ancrer le texte au Maroc ». Pour une fois, le dormeur du cimetière de Larache n’aurait peut-être pas dit non.
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