Eolien : le vent souffle enfin pour les firmes marocaines

Le royaume fait figure de pionnier en Afrique. Fortes de leur expérience dans l’énergie éolienne, des sociétés locales se positionnent, de la fabrication de mâts jusqu’à l’exploitation de parcs.

Le Royaume fait figure de pionnier en Afrique. © DR

Le Royaume fait figure de pionnier en Afrique. © DR

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 23 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Le plus grand parc éolien d’Afrique a été inauguré le 28 juin, à Tanger, par le roi Mohammed VI. Le site, qui représente un investissement de 225 millions d’euros, comprend 126 hélices pour une puissance installée de 140 MW et permet de doubler la capacité de production du royaume, en la portant à 286 MW.

Cela fait dix ans que les éoliennes tournent au Maroc. Les premières ont été installées en 2000, à Tétouan, avec un parc d’une puissance de 54 MW. D’autres ont depuis complété le dispositif : le parc du cimentier Lafarge, construit en 2005 (32 MW) à Tétouan lui aussi, et celui d’Essaouira, bâti sur la côte atlantique en 2007 (60 MW).

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Au démarrage de l’éolien, ce sont surtout des compagnies occidentales qui ont décroché les marchés, sous forme de BOT (build, operate and transfer), des contrats de vingt ans à la fin desquels l’exploitation sera transférée à l’Office national de l’électricité (ONE). À Tétouan, c’est la Compagnie éolienne du détroit, un consortium mené par l’électricien EDF, qui a été sélectionnée (une autre entreprise française, Theolia, l’a rachetée en 2008). À Essaouira, c’est l’espagnol Gamesa qui a remporté l’appel d’offres.

Toutefois, après une décennie d’expérience, le chergui et le bahari, vents venus du Sahara et de l’Atlantique, ne soufflent plus seulement en faveur des entreprises européennes. Lentement mais sûrement, des sociétés locales ont gagné en expertise et se positionnent. Ainsi, Gamesa a été choisi pour l’installation et la maintenance du parc de Tanger, mais c’est l’ONE qui, après une période de formation et de comanagement, en assure l’exploitation.

Profitant de la construction des grands parcs éoliens, le métallurgiste casablancais Delattre Levivier Maroc (DLM) s’est mis quant à lui à fabriquer des mâts d’éoliennes. Sa nouvelle usine de Tit Mellil, opérationnelle depuis avril 2008, lui donne une capacité de production de 300 pylônes par an, pouvant dépasser les 100 mètres et les 100 tonnes, et intégrant un transformateur électrique.

Autre société qui monte : Nareva, filiale de l’Omnium nord-africain (ONA) spécialisée dans les énergies renouvelables. C’est elle qui, associée au britannique International Power, a remporté en août l’appel d’offres lancé par l’ONE pour la réalisation du champ éolien de Tarfaya. Ce mégaprojet en BOT, d’un coût de 450 millions d’euros, doit produire 300 MW à l’horizon 2015. Le consortium piloté par Nareva a eu finalement le dessus sur le groupement mené par GDF Suez, qui s’est consolé en rachetant International Power. Avec le projet de Tarfaya dans son escarcelle, Nareva (171 salariés, 332 000 euros de chiffre d’affaires en 2009) se positionne comme la première entreprise marocaine du secteur. C’est Ahmed Nakkouch, ancien directeur général de l’ONE, qui la dirige et se trouve donc en bonne place pour négocier avec l’électricien public. La société devrait aussi répondre à l’appel d’offres de l’ONE pour l’installation du parc éolien de 150 MW de Taza, dans le Rif, lancé le 25 octobre.

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Autoproduction

Mais Nareva cherche d’autres clients : les industriels qui veulent leurs propres éoliennes. La société a déjà signé l’installation d’hélices pour la Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage (Samir), l’Office national des chemins de fer (ONCF) et l’Office national des aéroports (Onda). Elle est également en négociation avec le sidérurgiste Sonasid et avec Lafarge pour l’extension de son parc.

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« À terme, plus d’une dizaine de grandes entreprises se seront converties à l’autoproduction éolienne », se réjouit Mustapha Enzili, ingénieur en chef à l’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (Aderee). « Elle leur permet de sécuriser leurs besoins en énergie à des coûts compétitifs, mais aussi d’améliorer leur image grâce à la réduction d’émission de CO2. » Les particuliers sont séduits à leur tour. Sur ce créneau, des sociétés comme Spolyten, basée à Oujda et qui connaît aussi bien le solaire que l’éolien, ont réalisé plusieurs petites installations mixtes le long de la côte méditerranéenne.

À l’horizon 2020, le gouvernement prévoit une capacité de 2 000 MW, l’équivalent de deux centrales nucléaires. « Au Maroc, le kWh éolien coûte entre 3 et 5 centimes d’euro, soit le même prix que l’électricité des centrales à charbon, mais quatre fois moins que le solaire », affirme Mustapha Enzili. Un argument convaincant.

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