Réforme du système bancaire : les anglophones ont ouvert la voie

Publié le 17 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Tout a commencé au Nigeria, en 2005. Un secteur hypertrophié avec 92 banques, dont une grande majorité étaient mal gérées, peu rentables et incapables de financer l’économie. Face à ce constat, les autorités ont décidé de frapper fort en fixant un seuil de capital social de 250 millions de dollars (environ 180 millions d’euros), à atteindre en deux ans. L’effet a été radical : le pays ne compte plus que 26 banques. Et pour parachever la réforme, la Banque centrale de Lagos impose en ce moment des règles de gouvernance pour éviter les dérives de ces deux dernières années. À la tête d’importants moyens après la réforme, les banques ont distribué des crédits à tout va. Résultat ? Une dizaine d’établissements sont dans le rouge, étouffés par leurs créances douteuses.

Aux mêmes maux les mêmes remèdes. Une telle reconfiguration est en marche au Ghana. Les établissements devront se doter d’un capital social de 20 millions de dollars (14 millions d’euros) au 31 décembre 2010 et de 41 millions de dollars (29 millions d’euros) d’ici à la fin de 2012. De leur côté, les banques étrangères ont l’obligation de passer à 60 millions de dollars (43 millions d’euros) de fonds propres dès cette année. Et il se trouve des experts qui jugeaient les montants planchers insuffisants ! Ici aussi la Banque centrale, la Bank of Ghana (BOG), a en ligne de mire la consolidation du secteur avec le rachat des banques fragiles et l’émergence de groupes plus puissants. Selon une étude de PricewaterhouseCoopers, les établissements ghanéens ont eu recours à des fonds privés (actionnaires, fonds d’investissements, Bourse…), et les banques étrangères ont fait appel à leur maison mère pour atteindre l’objectif fixé par la BOG.

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Si la restructuration du secteur ghanéen est encore en cours, les « grandes » banques, en majorité à capitaux étrangers, dominent toujours (Barclays, Standard Chartered, Ecobank, Stanbic), même si leur part de marché a chuté de 60 % à 50 % en cinq ans. À l’inverse, des établissements locaux, comme Fidelity Bank ou Cal Bank, ont tiré leur épingle du jeu et sont devenus des banques généralistes. « Le système sera assaini, pronostique Laurent Demey, directeur général délégué de Proparco. Le pays compte une cinquantaine d’établissements, dont une dizaine de petites banques mal gérées, avec un portefeuille sinistré, qui ne survivront pas. » Et au final, poursuit-il, « ces réformes permettront au Ghana et au Nigeria d’avoir un système bancaire puissant qui aura les ressources pour financer les économies de ces pays et pour s’internationaliser ».

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