Sida, paludisme : briser le cercle vicieux

Par Jeannette Kagamé, première dame du Rwanda, membre du conseil d’administration des Amis du Fonds mondial Afrique, et Aigboje Aig-Imoukhuede, directeur général d’Access Bank Plc, président du conseil d’administration des Amis du Fonds mondial Afrique

Publié le 19 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Nous, Africains, connaissons bien les ravages causés par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Que ce soit en termes de pertes de vies humaines, de détérioration des conditions de vie, de destruction des communautés… l’impact est ressenti à tous les niveaux et par toutes les couches de la population. Ces trois pandémies sont à l’origine de millions de morts chaque année en Afrique. Au-delà des statistiques, qui ne traduisent qu’insuffisamment une réelle souffrance humaine, il faut également tenir compte d’un autre terrible coût : celui de ces maladies sur nos économies.

Nombreux sont les problèmes de santé qui affectent l’Afrique avec un impact terrible sur la force de travail et sur l’économie. Les maladies telles que le sida, la tuberculose, le paludisme ou la typhoïde sont à l’origine de décès et d’innombrables congés maladie, réduisant ainsi la productivité et contraignant le développement de nos entreprises.

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Nous pourrions citer en exemple deux études. La première estime que la pandémie du VIH/sida ralentit les taux de croissance économiques nationaux de 2 % à 4 % par an. La seconde, portant sur les entreprises d’Afrique du Sud et du Botswana, a conclu que le sida augmentait de 0,4 % à 5,9 % le coût salarial annuel.

Pour ce qui est du paludisme, en 2010, plus de 200 millions de cas ont été enregistrés en Afrique subsaharienne, et l’impact économique de cette maladie a été estimé à 12 milliards de dollars [8,5 milliards d’euros, NDLR]. Toutes les entreprises africaines œuvrant dans des zones où sévit le paludisme peuvent en dire long sur les taux d’absentéisme élevés lors de la saison des pluies.

Ce ne sont là que deux maladies, mais leur impact sur nos économies coûte des milliards de dollars. Leurs effets ne sont pas toujours aisément mesurables, car les coûts sociaux et humains s’étendent à de nombreux domaines. Néanmoins, sur le plan économique, les effets sont clairs. Les dépenses de santé grèvent les budgets des particuliers et des gouvernements africains. L’assiette fiscale peine à s’étendre, et les investissements étrangers sont découragés par la fréquence des problèmes de santé que rencontrent les travailleurs.

Et pourtant, beaucoup de ces maladies peuvent être prévenues ou, dans le cas du VIH/sida, gérées efficacement. La vérité est qu’elles ne devraient pas avoir un impact économique si profond. Les gouvernements ont certes un rôle majeur à jouer dans cette lutte, mais leur action doit être complétée par l’engagement des autres acteurs.

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Il a été démontré que les taux élevés de maladies rongent l’économie et qu’une économie affaiblie est un terreau sur lequel se développent les maladies. Nous devons briser ce cercle vicieux. Le secteur privé africain a le potentiel nécessaire : non seulement il a la solidité financière, l’expertise et les moyens pour renverser la vapeur, mais il serait aussi le principal bénéficiaire d’un marché africain plus dynamique et d’une main-d’œuvre en bonne santé.

Si les entreprises africaines comprennent qu’elles ont, à long terme, intérêt à investir dans la santé, elles en seront les premières bénéficiaires. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a déjà établi des partenariats solides dans la santé avec les entreprises africaines. Il est l’un des principaux bailleurs de la lutte contre ces trois maladies, à laquelle il a alloué 10 milliards de dollars depuis 2002 en Afrique. Le Fonds mondial a joué et joue un rôle clé dans la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme en Afrique, réduisant ainsi leur impact sur les économies africaines. Le secteur privé doit pouvoir s’appuyer sur ce type d’agences multilatérales reconnues pour investir dans la santé sans pour autant perdre de vue leurs objectifs économiques.

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L’Afrique ne sait que trop bien combien son économie est étroitement liée à la santé de ses peuples. Il est aujourd’hui temps que les entreprises africaines commencent à agir dans leur propre intérêt.

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