L’Afrique accélère

À en croire le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le continent reste en queue de peloton, mais a, depuis vingt ans, réduit son retard sur le reste du monde (l’Asie exceptée) en matière d’espérance de vie, d’éducation et de revenus.

L’Afrique rattrape son retard sur le reste du monde. © AFP

L’Afrique rattrape son retard sur le reste du monde. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 14 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

« Le monde a fait du chemin depuis 1990 », s’est félicité Amartya Sen, Prix Nobel d’économie 1998, en commentant le rapport sur l’indice de développement humain (IDH), dont il est l’un des créateurs. Publiée le 4 novembre, la dernière édition du rapport élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) chaque année depuis vingt ans montre aussi que l’Afrique a, en moyenne, davantage progressé que le reste du monde.

Agrégat de plusieurs données (en matière d’espérance de vie, de scolarisation et de revenus), l’IDH permet de mesurer les progrès réalisés en l’espace de vingt ans et de quarante ans. Alors que l’indice moyen mondial a crû de 18 % depuis 1990 et de 41 % depuis 1970, l’Afrique subsaharienne fait mieux, avec respectivement 21 % et 53 %, tout comme le monde arabe, avec 20 % et 65 %. Seule l’Asie a connu une amélioration plus rapide.

la suite après cette publicité

Parmi les dix pays qui ont le plus progressé figurent la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, auxquels s’ajoutent l’Éthiopie, le Botswana, le Bénin et le Burkina Faso, si l’on prend en compte les vingt-cinq plus méritants.

Certes, le continent demeure dans le bas du tableau, que dominent les pays « à développement très élevé » et, parmi eux, une fois de plus, la Norvège, suivie de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, les États-Unis pointant à la 4e place, la France à la 14e et le Royaume-Uni à la 26e.

Trois cancres

Le premier État africain est la Libye (53e), située dans les pays à « développement humain élevé », avec Maurice (72e), la Tunisie (81e) et l’Algérie (84e). Dix États africains sont classés dans la catégorie « développement humain moyen », et 35 dans la catégorie « développement humain faible ».

la suite après cette publicité

Parmi les 169 pays dont le Pnud a évalué les performances, seuls trois – tous africains – ont un indice 2010 inférieur à ce qu’il était en 1970 : la RD Congo, la Zambie et le Zimbabwe, où guerres, corruption et incurie politique ont laissé des séquelles.

Le rapport souligne l’impact de l’épidémie du sida en Afrique australe, qui se traduit dans la faiblesse de l’espérance de vie au Swaziland et au Zimbabwe (47 ans). À l’opposé, la Libye (74,5 ans) et la Tunisie (74,3 ans) se rapprochent des normes occidentales en termes de longévité, où le Japon bat tous les records (83,2 ans).

la suite après cette publicité

L’éducation est le critère qui a connu l’évolution la plus spectaculaire : aucun pays au monde n’a régressé dans ce domaine depuis 1970, et les filles achèvent de plus en plus souvent leurs études. C’est au Botswana que la scolarité est la plus longue d’Afrique (8,9 ans) et au Mozambique qu’elle est la plus courte (1,2 an).

Le critère du revenu national brut par habitant place en tête deux États pétroliers, la Guinée équatoriale (22 218 dollars) et la Libye (17 068 dollars). Si l’on exclut cette aberration statistique, le premier pays africain est Maurice (13 344 dollars) et le plus mal classé la RD Congo (291 dollars).

Nouveaux indices

Pour le vingtième anniversaire de l’IDH, le Pnud a décidé de lui adjoindre trois nouveaux indices. Le premier porte sur les inégalités. Il montre que les pays les plus pauvres, notamment en Afrique, sont ceux où les différences de revenus et les disparités dans l’accès aux soins et à l’éducation sont les plus fortes.

Le deuxième indice mesure l’inégalité entre les sexes. Il distingue les Pays-Bas comme le pays où hommes et femmes se trouvent placés sur un pied de quasi-égalité et la République centrafricaine, Haïti et le Mozambique comme les plus mauvais élèves.

Enfin, le troisième indice mesure l’aspect multidimensionnel de la pauvreté, c’est-à-dire les carences les plus graves en termes de santé, d’éducation et de revenus. L’Afrique subsaharienne apparaît comme la région du monde la moins bien lotie, et le Niger comme l’État le plus démuni.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Le mode de calcul de l’IDH est contesté dans de nombreux pays, dont le Niger © Edward Parsons

Polémique autour du baromètre du Pnud

Contenus partenaires