Le bal des masqués

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 27 octobre 2010 Lecture : 1 minute.

Vénus noire : l’Afrique violée
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Vénus noire : l’Afrique violée

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Racistes, les Occidentaux qui exhibèrent ces malheureux « indigènes » ? Mais non, le racisme n’existe pas du tout ! Dans leur propre intérêt, les colonisés devaient s’« assimiler », s’« immatriculer », « évoluer » et devenir la copie conforme du maître.

Avec l’indépendance arriva l’occasion de faire une cure de désaliénation mentale. Malheureusement, les anciens colonisés n’eurent qu’une ambition : se civiliser en singeant les bons Blancs chrétiens. De quoi faire hurler de rage le poète guyanais Léon-Gontran Damas : « Désastre / Parlez-moi du désastre / Parlez-m’en. » Ils se firent un point d’honneur de « parler français / Le français de France / Le français du Français / Le français français », comme disait Damas. Ils s’octroyèrent le droit de s’autoaliéner et de se sous-estimer.

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Ils s’évertuèrent à devenir des Noirs à masques blancs, pour para­phraser Frantz Fanon. La honte d’être eux-mêmes les poussa à se décaper la peau à l’hydroquinone. Car la beauté, selon eux, est claire. « Désastre / Parlez-moi du désastre / Parlez-m’en. » Et puis apparurent les négresses aux têtes blondes, rousses, rouges, vertes, agacées d’avoir des cheveux crépus. Elles importèrent des cheveux d’Inde ou du Brésil, des cheveux lisses, ­qu’elles se plaquèrent sur le crâne, rêvant de les faire descendre jusqu’à leurs postérieurs cambrés. Si elles avaient lu Damas, elles répéteraient ces vers à l’envi : « Des cheveux que je lisse / Que je relisse / Qui reluisent / Maintenant qu’il m’en coûte / De les avoir crépus. » 

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