La finance islamique, un débouché prometteur
Le développement des établissements « charia-compatibles » en Afrique pourrait créer d’importants besoins en ressources humaines.
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Algérie, Maroc et Tunisie en Afrique du Nord ; Sénégal, Mali, Niger, Guinée… en Afrique subsaharienne. Ces pays sont, semble-t-il, de potentiels marchés à forte croissance pour les produits financiers islamiques. « En Tunisie, Zitouna, la première banque islamique, lancée il y a quelques mois, rencontre un franc succès. Elle compte déjà près de 15 000 clients » : le Franco-Marocain Zoubeir Ben Terdeyet, directeur associé d’Isla Invest, un cabinet de conseil spécialisé, est plus qu’optimiste en l’avenir de la finance charia-compatible en Afrique. « La banque traditionnelle, affirme-t-il, a échoué dans sa mission de contribuer à la réduction de la pauvreté. La finance islamique, dont la philosophie se prête bien aux réalités de ces pays, a sa carte à jouer. »
Pays du Golfe ou rien
Zoubeir Ben Terdeyet n’est pas le seul à croire au développement de la finance islamique en Afrique. De nombreux analystes misent également sur l’essor de cette activité sur le continent. Les musulmans, principaux clients, sont plus de 400 millions en Afrique, soit près de la moitié de sa population totale. Si la finance charia-compatible – plus de 500 milliards de dollars (360 milliards d’euros) d’actifs dans le monde – est encore embryonnaire sur le continent (le Soudan fait figure d’exception avec 22 banques islamiques), universités, écoles et instituts de formation en Europe et en Afrique commencent à se préparer pour répondre aux futurs besoins en ressources humaines qualifiées que cette nouveauté pourrait engendrer. « Aujourd’hui, explique un analyste financier, soit les établissements débauchent des salariés dans les banques islamiques des pays du Golfe, soit ils y envoient leurs cadres en stage. » En dehors de cette région du globe, les instituts spécialisés restent rares.
L’université Paris-Dauphine, en France, a ainsi lancé, en 2009, un diplôme d’université (DU) en principes et pratiques de la finance islamique, réservé aux étudiants titulaires d’un bac + 4 en finances et aux diplômés de grandes écoles de commerce. Cette tendance gagne cependant l’Afrique. Au Sénégal, l’Institut africain de finance islamique (AIIF) a ainsi été lancé en 2009. Pour l’heure, cet institut qui se veut sous-régional ne s’adresse qu’aux cadres et professionnels des institutions financières. La formation prend la forme de séminaires ponctuels (formation continue) adaptés aux besoins spécifiques des banques, des compagnies d’assurances, des mutuelles de crédits… En formation initiale, les écoles et universités africaines ne proposent pas encore de spécialisations en finance charia-compatible, car, explique le bureau du doyen de l’université Al-Akhawayn (7e au classement Jeune Afrique des meilleures écoles de commerce du Maghreb), au Maroc, « il n’y a pas encore de demande pour cette formation ». D’après le patron d’Isla Invest, en intégrant des cours en finance islamique, les écoles de commerce africaines peuvent susciter l’intérêt des étudiants.
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