Triki, l’entrepreneur du supérieur

Ce Sfaxien, doyen de la Mediterranean School of business (Tunisie), a su imposer son école, qui compte désormais parmi les meilleures du continent.

Mahmoud Triki, 71 ans et toujours à l’affût des projets. © Ons Abid pour J.A.

Mahmoud Triki, 71 ans et toujours à l’affût des projets. © Ons Abid pour J.A.

Publié le 18 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Formation : les Africains premiers de la classe pour la mobilité
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Formation : les Africains premiers de la classe pour la mobilité

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Il faut avoir le cœur bien accroché. À 71 ans, le bouillant doyen de la Mediterranean School of Business (MSB, basée à Carthage) aime conduire vite. D’autant plus quand il s’agit de se rendre sur le nouveau campus de la MSB, dans le centre de Tunis, qui ouvrira ses portes en 2011. Manches retroussées et œil à l’affût, Mahmoud Triki inspecte les travaux. Les chantiers, ce père de trois enfants passionné de photographie ne connaît que ça : après avoir supervisé la création de l’Institut supérieur de gestion (ISG) à Tunis en 1977, il a eu en charge, en 1981, le programme de transfert de technologies entre les États-Unis et la Tunisie.

Depuis 2004, la MSB l’occupe à temps plein. Ce Sfaxien, qui se définit comme un homme de terrain plutôt que comme un chercheur, a fait sien le dicton tunisien « N’élève chez toi que ce qui est grand ». De son parcours anglo-saxon (une formation en business administration à l’université de Washington et à l’université Ohio State), il a retenu le principe d’obligation d’excellence qu’il applique dans son sacerdoce d’enseignant du supérieur comme dans les différents axes de développement de la MSB.

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Alors que la formation francophone est traditionnelle au Maghreb, Triki a conçu un Master of Business Administration (MBA) en anglais, langue désormais indispensable pour les sciences et les affaires. Aujourd’hui placé 5e en Afrique (selon le classement 2009 de Jeune Afrique) et accrédité par l’Association of MBAs (AMBA), ce master pro­pose de surcroît un cursus à temps partiel sur dix-huit mois, très couru par les manageurs tunisiens. En outre, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique vient de lui accorder un nouvel agrément pour un cursus LMD (licence, maîtrise, doctorat) destiné aux bacheliers. L’édifice est désormais achevé et propose une formation initiale complète.

Depuis six ans, l’approche des programmes de la MSB se fait en collaboration avec les entreprises et en partenariat avec des universités nord-américaines pour la validation des diplômes et le transfert des étudiants. Un échange fructueux puisque Tunis accueille aussi, le temps d’un semestre, des étudiants américains. « Incontestablement, ce cursus est au niveau des meilleurs programmes d’Executive MBA au monde », reconnaît, Noureddine Hajji, directeur général d’Ernst & Young Tunisie.

« Mama »

« Il avait ce projet à cœur depuis des années, se souvient l’avocat Iadh Ammar, ami de Triki et associé à l’initiative MSB. Il a réussi à convaincre au moment où personne ne pensait à un enseignement supérieur étroitement lié à l’entreprise. » Pugnacité et acharnement au travail sont les qualités que l’on attribue le plus souvent à cet homme marié depuis plus de trente ans. Son bureau est toujours ouvert, mais Mahmoud Triki ne perd jamais une minute et apprécie les réunions autour d’une pizza. Il aime citer Carl Brown, de l’université de Princeton, qui résumait les atouts de la Tunisie par le sigle « Mama » (méditerranéenne, arabe, musulmane et africaine). Et affirme que le « tourisme d’éducation » (en référence au « tourisme médical ») n’est pas une utopie : 200 ressortissants de 14 pays, dont 8 africains, suivent ainsi des cours dispensés par des professeurs venus d’universités et d’écoles de renom.

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Mahmoud Triki affirme d’ailleurs « qu’en formant les Africains en Afrique on court moins le risque de les voir partir ». Afin d’ancrer cette vocation locale, le doyen implique la diaspora maghré­bine pour enseigner et développer les programmes de la MSB. Lui dont les enfants ont fait leurs études dans les meilleures universités américaines (un garçon et deux filles, dont l’une est devenue son bras droit) entend ­former les élites de l’économie tunisienne. Confiant dans l’avenir de ses étudiants, il table sur le futur et, durant ses ­longues marches entre La Marsa et Sidi Bou Saïd (10 km aller-retour, près de Carthage), il élabore déjà un autre projet de campus aux portes de Tunis.

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