La délicate question de la sexualité chez les jeunes

Malgré les croyances, la sexualité n’est pas complètement taboue. De jeunes Algérois, interpellés sur la question, en parlent librement.

Entre garçons et filles, chaque groupe a des exigences bien précises. © D.R.

Entre garçons et filles, chaque groupe a des exigences bien précises. © D.R.

Publié le 11 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Algérie : détours vers le futur
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Algérie : détours vers le futur

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« Il n’y a plus de mecs bien ! » dit-on d’un côté. « Les filles d’aujourd’hui me déçoivent… », entend-on de l’autre. À l’âge où l’on commence à se mettre en couple, chaque sexe a des exigences bien précises. À l’école Beauté Académie, Zina, 26 ans, tempête : « Les garçons veulent profiter du fait qu’on fait des études et qu’on va gagner de l’argent ! » « À mon époque, renchérit Amina, 41 ans, on disait des femmes qu’elles étaient hdaidia, qu’elles aimaient l’argent. Aujourd’hui, ce serait plutôt les hommes ! »

Certains garçons, de leur côté, ne comprennent plus les filles. « Elles ne veulent même plus qu’on leur parle dans la rue », se désole Hakim. Ce à quoi la coquette Ferial, 23 ans, répond : « On subit beaucoup d’agressions verbales à cause de nos tenues, c’est insupportable. » Si le voile est très répandu à Alger, il est désormais coloré et compatible avec un jean et du maquillage. Ce qui semble dérouter une partie de la gent masculine.

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"Arnaque à l’hymen"

Le mariage ­reste pour beaucoup le but d’une relation, mais cela commence à changer. Nombreux sont les jeunes qui cachent leur vie amoureuse à leur famille tant qu’ils ne sont pas fiancés. « Les filles n’ont pas renoncé à une vie sentimentale à cause de la tradition, analyse le sociologue Saïb Musette. Mais elles ont investi les espaces sociaux où elles sont invisibles, comme internet. » Heba, étudiante de 22 ans, a développé une histoire d’amour sur la Toile avec quelqu’un dont lui ont parlé des amis. Après un an d’échanges, ils doivent se rencontrer pour la première fois, en centre-ville.

Viendra ensuite le moment d’envisager une vie sexuelle… Décision surtout difficile pour les filles. « Il y a chez nous une “arnaque à l’hymen”, raconte le longiligne Hamza, étudiant de 23 ans aux fines lunettes. Beaucoup de filles décident de faire l’amour tôt pour être débarrassée et vivre leur jeunesse. Ensuite elles pourront subir une réfection de l’hymen, pour 40 000 dinars [environ 380 euros, NDLR]. »

Les filles les plus modestes, en revanche, ne pourront pas envisager de tels frais. Et à défaut de diplôme, leur virginité est le « fonds de commerce » qui leur garantira un mari – et une sécurité matérielle. « Les garçons sont souvent contradictoires, poursuit Hamza. Ils veulent épouser quelqu’un de vierge, alors qu’eux-mêmes se sont bien amusés. Et ensuite ils se plaignent que leur femme soit inexpérimentée ! » Le tabou de la sexualité est source de frustration. Les sociologues algériens parlent d’« exclusion sexuelle » des jeunes.

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Mais c’est parfois par choix que certains garçons n’ont pas de rapport avant le mariage. « Moi, je suis musulman et romantique, raconte Badrou, au volant d’une belle voiture. Je veux que ma nuit de noces soit unique. » Mais s’il changeait d’avis, il n’aurait rien à justifier à personne. D’autant qu’il préférerait, confie-t-il, épouser une Européenne…

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