Saïb Musette : « Ce qui est marquant à Alger, c’est la mixité sociale »

Le sociologue, Saïb Musette, est maître de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), à Alger. Interview.

Saïb Musette est spécialiste des migrations internationales et des questions de jeunesse. © D.R.

Saïb Musette est spécialiste des migrations internationales et des questions de jeunesse. © D.R.

Publié le 11 novembre 2010 Lecture : 1 minute.

Algérie : détours vers le futur
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Algérie : détours vers le futur

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JEUNE AFRIQUE : Qu’est-ce qui distingue la jeunesse algéroise ?

SAÏB MUSETTE : À Alger, la classe moyenne domine, donc chez les jeunes aussi. Plus instruits, plus tournés vers les loisirs, ils sont plus privilégiés qu’ailleurs. La jeunesse dorée, fille des dirigeants politiques, n’est qu’un phénomène ultra-minoritaire qui n’est lié ni au lieu ni à l’époque. Ce qui est marquant à Alger, c’est la mixité sociale. On peut voir ensemble des jeunes étudiants, chômeurs, islamistes, garçons, filles, voilées ou non. C’est la magie de l’urbanité ! D’autre part, l’espace social que les jeunes peuvent investir est plus important à Alger qu’ailleurs. Leur liberté et leur visibilité progressent.

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Qu’a-t-elle de différent des générations précédentes ?

Dans les années 1980, les « hittistes », ces hommes désœuvrés qui tenaient les murs, étaient les figures symboliques de la jeunesse. Dans les années 1990, ce furent les « trabendistes », les petits trafiquants. Les années 2000 ont vu émerger les harraga qui prenaient la mer au péril de leur vie pour rejoindre l’Europe. Pour la décennie 2010, j’imagine bien les jeunes Algérois comme des entrepreneurs. Formés, ils sont de plus en plus nombreux à monter une affaire dans la capitale.

On parle de drogue, de suicide… Les comportements des jeunes sont-ils de plus en plus extrêmes ?

Ces jeunes étaient enfants pendant la guerre civile. Ils en gardent sûrement d’importants traumatismes, mais ceux-ci ne sont pas visibles. Des cellules « santé jeunesse » existent un peu partout, mais les jeunes ne s’y dirigent guère. Les angoisses liées au chômage ou à l’impossibilité de s’établir peuvent déclencher un jour des comportements excessifs : devenir très pieux, partir en mer ou se lancer dans un commerce illégal. La consommation de drogue, en revanche, est à mes yeux un phénomène marginal, temporaire, typique d’un certain âge. Je suis globalement optimiste pour les jeunes Algérois, dont la grande majorité ne va pas vers les extrêmes.

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