Carla Bruni de A à Z

Elle est fille de richissimes industriels italiens, ex-top-modèle, amazone repentie et chanteuse à succès. Mais qui est vraiment l’épouse de Nicolas Sarkozy ?

Carla Bruni-Sarkozy. © AFP

Carla Bruni-Sarkozy. © AFP

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Publié le 12 novembre 2010 Lecture : 10 minutes.

Lorsqu’elle quittait le fastueux manoir de Castagneto Po, près de Turin, pour la splendide propriété familiale du cap Nègre, dans le sud de la France, Marisa Bruni-Tedeschi, tout à la joie de fréquenter la jet-set locale, rêvait pour ses enfants d’une amitié avec les enfants Grimaldi et – pourquoi pas ? – de marier l’une de ses filles avec Albert de Monaco. Sans doute les fées qui se sont penchées sur le berceau de sa cadette n’avaient-elles pas la fibre monarchique : Carla n’a pas épousé un prince, mais un président de la République.

Gamine solitaire et secrète, confiée, comme beaucoup de gosses de riches, à une armada de gouvernantes, la future Mme Sarkozy ne s’est jamais vraiment sentie comme les autres. Et pour cause, se rengorgent les adeptes de la psychanalyse : n’a-t-elle pas appris, à la mort d’Alberto Bruni-Tedeschi, en 1996, que ce magnat de l’industrie du pneumatique, mélomane passionné qui se voulait avant tout compositeur, n’était pas son véritable géniteur ? Carla a découvert sur le tard qu’elle était le fruit d’une liaison adultérine entre sa pianiste de mère et Maurizio Remmert, un entrepreneur italien de dix-sept ans son cadet, établi au Brésil et, lui aussi, richissime.

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Jusqu’à son mariage, la Bruni a joué les rebelles, embrassant une carrière de mannequin plutôt que de rester sagement à la maison. Collectionnant les chaussures plutôt que les tableaux de maîtres – comme le déplorait Alberto – ainsi que les amants, de préférence célèbres. Musiciens, cinéastes, acteurs, hommes politiques, intellectuels… la liste est digne d’un catalogue de don Juane.

En 2000, elle fait frémir Saint-Germain-des-Prés en passant des bras de l’éditeur Jean-Paul Enthoven à ceux de son fils, Raphaël, qu’elle ravit à Justine, la fille du philosophe Bernard-Henri Lévy. Un enfant, Aurélien, naît de l’union de cette Phèdre au minois enjôleur et de ce ténébreux Hippolyte. Justine se console de ses infortunes en devenant écrivain. Elle publie Rien de grave, récit autobiographique dans lequel elle balafre le visage « choisi sur ordinateur » de celle qu’elle surnomme Terminator.

Tout bascule le 13 novembre 2007, lorsque la nouvelle amazone de la chanson (dans laquelle elle s’est reconvertie avec succès) rencontre son idéal masculin : celui qui possède le code nucléaire et « plusieurs cerveaux ». Divorcé depuis un mois, ce dernier déprime. Il supplie ses amis de lui organiser des « dîners de copains » pour oublier Cécilia.

Les intéressés ont soigneusement préparé leur rencontre chez le publicitaire Jacques Séguéla. Sarkozy s’est fait livrer les CD de la chanteuse, Carla se pointe en ballerines pour ne pas paraître trop grande. Ils repartent bras dessus, bras dessous. On connaît la suite. L’équipée à Disneyland – lieu qu’appréciait Cécilia. Le voyage en Jordanie, où la même s’était affichée avec son amant Richard Attias et où le petit Aurélien est exposé au feu des paparazzis. Enfin, le mariage express à l’Élysée, en février 2008, avec la bénédiction de Bernadette Chirac, sous les yeux émerveillés de mamma Marisa.

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Et depuis ? Rien ou presque, juste quelques « clapotis » malveillants sur la fidélité du couple, qui ont fait pschitt l’été dernier. « Carloche », comme la surnomme sa tribu d’ex-amants transis et de copines de la mode, s’est rangée des voitures. Fini le temps des photos dénudées et des concerts de SOS Racisme. Mme Bruni-Sarkozy veille sur la santé de son époux, gourmande les conseillers qui le « tuent » en remplissant à ras bord son agenda, a créé sa fondation et représente la France à l’étranger, s’efforçant d’être une « cerise sur le gâteau ». Une « jolie cerise », bien sûr… La Pompadour n’a plus que « monmari » à la bouche. Voix de soie et langue de bois. Comme l’écrit joliment Serge Raffy, du Nouvel Observateur, « dans “courtisane”, il y a “tisane” ».

A comme apaisement

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Dès leur premier week-end en amoureux, en décembre 2007, à Charm el-Cheikh (Égypte), Carla a prévenu l’hyperactif Nicolas, qui voulait tout visiter au pas de charge : « Ce rythme-là, c’est sans moi. J’ai passé l’âge de me sentir obligée de remplir l’agenda. »

Depuis le fameux malaise vagal du président, en juillet 2009, l’épouse attentive a imposé la règle du repos absolu pendant les vacances, ainsi qu’un régime à base de poisson et de fromage blanc. L’étude des dossiers le matin est suivie de siestes l’après-midi et de baignades entre amis. On a ainsi vu le chef de l’État faire des brasses au côté de quelques ex de son épouse, qu’elle invite au cap Nègre. Preuve qu’il est vraiment dé-ten-du, clament ses amis, qui l’ont connu « hyperjaloux » dans le passé. Et preuve que Carla l’a vraiment rassuré.

B comme bosseuse

Une qualité que tous lui reconnaissent. Carla est née avec une cuillère d’argent dans la bouche, mais pas avec un poil dans la main. Stylistes, photographes de mode et petites mains de la couture ne tarissent pas d’éloges sur la ténacité de cette top-modèle, qui était capable de patienter des heures sans se plaindre, sous des trombes d’eau ou barbouillée de peintures sur le corps, toujours polie, propre et impeccablement manucurée – ce qui, à les en croire, n’est pas le cas des Naomi Campbell et consorts !

C comme Cécilia

L’ex et la nouvelle épouse se sont d’abord livré une guerre sans merci. Chacune a cherché à tirer la couverture (de magazine) à elle, la première parce qu’elle ne voulait pas tomber aux oubliettes, la seconde parce qu’elle avait besoin de s’affirmer. Nicolas ne lui avait pas facilité la tâche en lui offrant, très maladroitement, la même bague qu’à Cécilia naguère. Résultat : celle-ci se remarie tapageusement à New York ? Celle-là riposte en organisant une réception fastueuse à l’Élysée en l’honneur du président israélien Shimon Pérès. Mme Attias annonce qu’elle crée une fondation consacrée au droit des femmes ? Mme Sarkozy lance la sienne, pour lutter contre les inégalités. L’une (Carla) rencontre Nelson Mandela ? L’autre (Cécilia) lui remet un chèque pour son Children’s Fund.

Le temps et l’éloignement ont fait leur œuvre. Dans l’intérêt du jeune Louis (le fils du président et de Cécilia), les Sarkozy ont pris le thé chez les Attias, à New York. Et Carla, qui se serait oubliée au point d’appeler sa rivale « la Ciganer » (son nom de jeune fille) et Richard Attias « son Marocain », se paie désormais le luxe de jouer les pacificatrices entre Nicolas et son ex.

D comme « Devine avec qui je sors ? »

La manière dont Carla a annoncé à son amie Karine Silla (une ancienne top-modèle) qu’elle avait « levé » le président de la République française, quelques jours à peine après leur première rencontre.

F comme famille

Tout un poème ! L’arrière-grand-père fonde une entreprise de câbles électriques et fait fortune à force d’ingéniosité et de travail. Virginio, le grand-père, diversifie l’entreprise dans la fabrication de pneumatiques. Traumatisé par un séjour dans l’Allemagne nazie, il rejette ses origines juives et se convertit au catholicisme. Passionné de piano et d’opéras de Wagner, ce coureur de jupons réputé pour son antisémitisme et son avarice lègue à son fils une entreprise prospère. Dès les années 1930, les Bruni-Tedeschi sont la deuxième plus grande famille d’industriels turinois après les Agnelli, qu’ils méprisent cordialement (et vice versa).

Alberto, le père, collectionne tableaux de maîtres et mobilier de style, s’abîme dans la musique de Bartók et dans ses propres compositions. À 43 ans, il épouse Marisa Borini, de quinze ans sa cadette, et « communie dans la musique » avec cette pianiste concertiste issue d’une famille franco-italienne. Drôle de couple, où les infidélités répétées de l’épouse ne semblent pas affecter celui qui, d’après son biographe, « n’a jamais aimé que lui-même ». Alberto aurait poussé la modestie jusqu’à acheter le suaire de Louis XV pour en habiller sa propre dépouille. Il finit par y renoncer.

G comme Guignols

L’ineffable conseiller de l’Élysée Pierre Charon voulait donner de la première dame une « image rassurante ». Pari gagné. Aux Guignols de l’Info, sa marionnette susurre des phrases consensuelles et des mots doux à l’oreille d’un Sarko bourré de tics. Un jour, le couturier Christian Lacroix fait remarquer à Carla que sa marionnette ressemble à celle de Cécilia. « J’espère pas », lui rétorque-t-elle, le regard noir.

I comme Italie

« Je suis très heureuse d’être devenue française », a réagi Carla, après un jeu de mots douteux de Silvio Berlusconi, qu’elle déteste, sur le « bronzage » de Barack Obama. « Nous aussi, nous sommes contents qu’elle ne soit plus italienne », avait persiflé l’ancien président Francesco Cossiga, tandis que la presse berlusconienne se déchaînait contre l’ingrate, capricieuse de surcroît. Lors du sommet du G20 à L’Aquila, en juillet 2009, n’a-t-elle pas boudé le programme prévu pour les épouses de chefs d’État ?

J comme Jagger

Sa liaison de huit ans avec Mick Jagger lui a donné le statut de mannequin pipole. La croqueuse d’hommes en a fait voir de toutes les couleurs à celui que Jerry Hall, son épouse, qualifiait de « prédateur sexuel ». « Il n’a qu’à m’attendre, il est vieux et je suis jeune », disait-elle pendant que la rock star se languissait derrière la porte d’un studio.

L comme Lévitte

Avec ses airs de premier de la classe, le conseiller aux Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy déplaît souverainement à Mme la présidente, qui le tient pour le principal responsable des cadences de travail imposées à son mari. « Ah ! Jean-David, vous êtes tellement parfait. Jamais un geste de trop, toujours bien coiffé », ironise-t-elle méchamment. Pour surveiller de près celui qu’elle surnomme Kung-fu Panda, Carla a placé Consuelo Remmert, sa demi-sœur, à la cellule diplomatique de l’Élysée.

M comme monde intérieur

Adepte de la zénitude et de la psychanalyse, Carla s’efforce d’estomper l’image bling-bling de son mari. Au programme, révision des classiques, avec lectures et home cinéma. « J’essaie de l’ouvrir à mon monde, celui de l’introspection, de la rêverie, lié à l’art et la création. Chacun a son monde intérieur, qu’il doit découvrir. »

O comme Michelle Obama

Officiellement, elles sont copines, même si elles se voient rarement. Mais, d’après ses biographes, Carla estime que la First Lady est son unique vraie rivale planétaire. Sacrée femme la plus influente du monde par le magazine Forbes, la placide Michelle s’en est-elle aperçue ?

Q comme « Quelqu’un m’a dit »

Le titre de son premier disque. Un immense succès (250 000 exemplaires) en 2002, suivi de Comme si de rien n’était (80 000 exemplaires), six ans plus tard. Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État au Commerce extérieur, continue d’assurer la promotion en l’offrant à tous ses interlocuteurs. Les Coréens et les Brésiliens adorent, assure-t-elle.

R comme Rachida

« Tu aurais aimé l’occuper, hein ? » lance Carla à Rachida, en lui montrant le lit conjugal. Pour la tigresse italienne, la pétulante brunette présente trois défauts rédhibitoires. 1. Elle était l’amie de Cécilia. 2. Elle était la chouchoute de Nicolas, qui l’emmenait en voyage. 3. Au moment où de fausses rumeurs d’infidélité ont empoisonné la vie du couple présidentiel, elle a été soupçonnée d’avoir joué les pipelettes. « Rachida est tout à fait notre amie », avait déclaré Carla, pour mettre un terme à la crise. Depuis, on ne les a pas vues prendre le thé ensemble.

T comme tribu

Carla fonctionne selon le principe du clan. Elle invite et promeut son aréopage de fidèles : anciens amants, sans oublier leurs épouses, camarades de podium, journalistes amis (Christophe Barbier et Denis Olivennes, directeurs de la rédaction de L’Express et du Nouvel Observateur), ou proches, comme Philippe Val et Frédéric Mitterrand, qu’elle a contribué à faire nommer, l’un à la tête de France Inter, l’autre au ministère de la Culture.

V comme visage

La partie de sa personne que Carla aimerait le moins. « Sa beauté ne nous paraissait pas évidente », confie Jean-Jacques Picart, l’ancien associé de Christian Lacroix, pour expliquer leurs réticences à la faire travailler. « Je préfère les modèles typés ou métissés », élude Jean-Paul Gaultier. Mais tous vantent son charme irrésistible, la beauté de ses lignes et sa démarche qui faisait d’elle la star des défilés. « C’était plus une personnalité qu’un mannequin », conclut le photographe Patrick Demarchelier.

W comme Woody (Allen)

L’actrice qui sommeille en Carla s’est réveillée au contact du plus parisien des cinéastes new-yorkais. Après avoir été décoré de la Légion d’honneur, difficile de refuser de faire tourner la première dame de France dans l’un de ses films ! Les méchantes langues prétendent qu’il lui a fallu plus de trente prises pour faire entrer l’apprentie comédienne dans une boulangerie, puis l’en faire ressortir avec une baguette de pain.

Z comme Zeta-Jones

L’actrice Catherine Zeta-Jones – et plantureuse épouse de Michael Douglas – a exhibé un décolleté vertigineux lors d’un dîner de gala à New York. Grave erreur. Carla, sa voisine de table, ne lui a pas adressé la parole de la soirée.

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La plupart de ces citations et anecdotes sont extraites de Carla. Une vie secrète, de Besma Lahouri, paru en septembre chez Flammarion, et de Carla et les Ambitieux, de Michaël Darmon et Yves Derai, Editions du Moment.

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