Présidentielle : Francis Wodié, éternel outsider ?
Il n’est pas le plus connu des candidats à la présidentielle, mais le leader du Parti ivoirien des travailleurs n’en est pas à sa première tentative. Il espère même peser dans la balance dans l’éventualité d’un second tour.
« Les conditions ne seront pas parfaites. Il y a encore des problèmes de sécurité et d’accaparement des médias. Mais il n’y a aucune raison pour que la présidentielle ne se tienne pas le 31 octobre. »
Voix posée, ton ferme, Francis Vangah Wodié se dit même persuadé que cette fois-ci les urnes lui seront favorables. Peu importe si le candidat du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) n’a remporté que 4 % et 6 % des suffrages en 1995 et 2000. « Cette année, ce sera au moins 15 %. Au moins ! »
L’homme qui nous rend visite, au siège de Jeune Afrique, est un homme en campagne. « Les gens ont enfin compris la capacité de nuisance de certains responsables politiques. Nous, nous n’agitons pas le spectre de la violence. » Francis Wodié se pose en candidat de la rupture, aux antipodes des trois têtes d’affiche que sont Alassane Dramane Ouattara (Rassemblement des républicains), Henri Konan Bédié (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et, bien sûr, Laurent Gbagbo (Front populaire ivoirien, FPI).
Plus de poigne
Wodié, dont le front lisse cache sans peine les 74 ans, n’en est pas moins un vieux de la vieille. Cette élection – maintes fois reportée – est sa troisième tentative pour devenir président. Il a connu la prison puis l’exil au début des années 1970, pour « syndicalisme subversif ». Professeur de droit (il a été doyen de la faculté d’Abidjan), il fut l’un des membres fondateurs du puissant syndicat enseignant, le Synares, puis de la section ivoirienne d’Amnesty International et, enfin, de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme. Ancien député de la commune de Cocody, de 1990 à 1995, il aime à rappeler qu’il a été le seul à boycotter les travaux de l’Assemblée nationale pour protester contre l’emprisonnement de collègues « dont il ne partageait pourtant pas les convictions politiques ».
Brillant et déterminé pour les uns, froid et docte pour les autres, Francis Wodié a, comme Laurent Gbagbo, le cœur à gauche. Les deux hommes se connaissent depuis le début des années 1990 et la lutte pour le multipartisme. Wodié appellera-t-il, le cas échéant, à voter pour lui au second tour ? « Nos programmes ne sont pas très éloignés. Quand le FPI est arrivé au pouvoir, on a même espéré que les choses pouvaient changer. Mais, dans la méthode, le gouffre qui nous sépare est infranchissable. » Il reproche au « camarade Laurent » son « côté théâtral et populiste » et sa gestion de la crise politique depuis 2002. « La dernière fois que nous avons discuté, je lui ai conseillé de se comporter en chef d’État et non en chef de clan. » C’était en 2004. Depuis, plus rien.
Aujourd’hui, Francis Wodié reconnaît que son discours très prudent l’a peut-être desservi (« À une certaine période, nous aurions pu être plus audacieux. ») Il dit aussi vouloir faire montre de plus de poigne. « Le camp présidentiel est omniprésent dans les médias. Il y a un vrai problème d’égalité de traitement, mais nous ne nous laisserons pas faire ! »
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