Soulef Ammi et J.A. …
Cadre d’entreprise – 38 ans, lit Jeune Afrique depuis son adolescence
50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.
Je voulais être journaliste, j’aimais tout savoir avant tout le monde. Ma grande sœur Djamila, hôtesse de l’air, nous ramenait de ses voyages les magazines distribués à bord. Veuve, avec dix enfants à élever, ma mère n’avait pas toujours les moyens d’en acheter… Elle qui avait dû quitter l’école après son certificat d’études n’avait pas renoncé à s’instruire : elle bouquinait sans cesse !
Du plus loin que je me souvienne, Jeune Afrique était là, sur la table du salon ou à la cuisine. Ma mère, mes sœurs, mes frères, tous, nous le lisions à tour de rôle. Des articles fouillés, précis, détaillés : il n’y avait rien de mieux pour avoir des informations sur l’Afrique et sur l’Algérie.
Et puis, pendant la décennie noire, notre vie a été chamboulée. J’étais jeune, je ne comprenais pas tout. Mais cette violence… cette violence qui nous empêchait de vivre, de sortir, d’aller à l’école, qui obligeait les femmes à se voiler, les hommes à se cacher… Depuis cette époque, nous avons l’impression que J.A. s’est éloigné de nous, qu’il regarde tout ça de loin.
Aujourd’hui, je suis responsable des achats pour une multinationale. Entre le travail et les enfants, je n’ai pas toujours le temps de me poser pour lire J.A. en entier. Mais, à chaque fois que je l’ai entre les mains, je prends le temps de parcourir les pages économiques et politiques. Je suis très occupée, mais pas au point de complètement me déconnecter de l’évolution du continent.
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