La lettre d’Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos, à Jeune Afrique

« Révolutionnaire international », condamné à la réclusion à perpétuité pour terrorisme en août 1994 et actuellement détenu à la maison centrale de Poissy (France) 61 ans, lit Jeune Afrique depuis les années 1970.

Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos en août 1994 à Paris © AP/SIPA

Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos en août 1994 à Paris © AP/SIPA

Publié le 17 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.
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50 ans, 50 lecteurs, 50 regards sur J.A.

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« Je prends la plume ce jour de mes 61 ans [le 12 octobre, NDLR] pour vous féliciter pour les 50 ans de Jeune Afrique. J’ai commencé à lire JA au début des années 1970, et j’ai continué sa lecture chaque fois que je pouvais me le procurer au cours de deux décennies de pérégrinations transcontinentales. Je lis avec attention vos éditoriaux, souvent étonné par la pertinence de vos analyses, que je partage fréquemment en dépit de l’ancienneté de mes renseignements (parfois secrets). Mais je ne tire pas toujours les mêmes conclusions, les miennes étant généralement plus partisanes, et moins nuancées.

Votre magazine dérange souvent les puissants. Je me souviens, il y a une trentaine d’années, quand un État ami avait commencé à solder sa vieille dette millionnaire envers nous, en nous payant avec des gros acomptes réguliers en dollars et des tonnes d’excellent matériel militaire. Le chef de cet État était très remonté contre un de vos journalistes et il choisit de me le faire savoir par un de ses subordonnés que j’aimais bien ; enfin, il voulait sa tête. Je répondis diplomatiquement qu’étant donné mes relations devenues conflictuelles, nous évitions le territoire français autant que possible.

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Quelques mois après, un de nos commandos les plus aguerris, en route vers un pays tiers, allait transiter par Paris ; le responsable du commando me rappela l’histoire du journaliste de Jeune Afrique, que les combattants étaient avides d’action et que cela servirait de filtre pour ceux sans expérience militaire en Europe. Réticent, j’envoyai un messager au pays ami, et je reçus en réponse un message urgent, me priant d’empêcher toute agression contre ledit journaliste, qui était devenu leur très bon ami ! Cela a servi de leçon à notre organisation de révolutionnaires internationalistes, où ma défense de la liberté d’expression et de la presse allait s’imposer comme acquis révolutionnaire.

Puisse François Soudan et les fils de Béchir assurer la pérennité du nom Ben Yahmed, et encore 50 ans (au moins) pour Jeune Afrique ! Amitiés révolutionnaires. »

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Le témoignage de Carlos nous a été transmis par son épouse et avocate, Me Isabelle Coutant-Peyre, en même temps que cette photo, prise le 23 juillet, où il est au côté de Yannick Noah, lors de la tournée de ce dernier dans les prisons françaises.

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