Abdessalem El Gharbi et J.A. …
Retraité – 78 ans, lit Jeune Afrique depuis le premier numéro
Publié le 17 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.
Heureusement que ma douce moitié, Khadidja, n’est pas jalouse ! Depuis octobre 1960, elle partage son mari avec Afrique Action, puis Jeune Afrique. Tantôt amusée, tantôt irritée, elle me voyait m’enfermer deux heures par jour aux toilettes pour lire mon journal. Deux heures, c’est long, me direz-vous. Mais ce n’est rien pour lire et relire chaque article, dans le seul endroit où aucun de mes cinq enfants n’osait me déranger. C’était mon moment à moi, mon moment Jeune Afrique. Impossible de lire pendant la journée : le travail, c’est sacré, il faut y être à 100 %. Surtout lorsque j’ai été nommé responsable du poste de transformation électrique de Tajerouine, pour la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg). En tant que premier Tunisien à occuper cette fonction, il y allait de l’honneur de mon pays. Plus tard, quand on m’a confié le service commercial de la Steg à Hammam Sousse, c’était un ballet incessant de clients à satisfaire. Eh bien, le soir, Jeune Afrique me satisfaisait moi, me faisant voyager en Afrique et dans le monde !
Pour m’approvisionner, aujourd’hui, il me suffit d’aller chez le libraire, à cinq minutes de la maison, où le journal attend dans mon casier. Rien à voir avec les méthodes d’il y a trente ans : il fallait alors s’adresser à un distributeur de Tunis et compter sur les amis pour vous faire suivre les numéros lorsqu’une fois de plus, vous deviez déménager pour le travail. Ces déménagements successifs ont fait beaucoup de mal à mes journaux : ils se sont parfois mouillés, déchirés, quelques-uns se sont égarés. Mais bon, j’ai tout de même réussi à en sauver… 2 500 ! Soit cinquante ans d’histoire précieusement enfermés dans des placards, à l’abri de la chaleur et de l’humidité.
À 78 ans, je peux profiter pleinement de mes Jeune Afrique. Les anciens, les nouveaux… J’attends que tout le monde soit couché et je m’installe au salon, sur le divan. D’ailleurs, j’ai un projet secret : faire un album avec tous les articles consacrés à la Tunisie. Ce serait un formidable cadeau pour mes enfants, mais pour mon pays aussi, vous ne croyez pas ?
