Wallyscar veut sortir de l’ornière
Le constructeur tunisien n’a vendu que 15 voitures depuis le lancement de son modèle Izis, il y a deux ans. Mais il compte sur sa nouvelle usine de Ben Arous pour doper ses ventes.
Il y a deux ans, Wallyscar présentait au Mondial de l’automobile de Paris son modèle Izis, la seule voiture conçue et fabriquée en Tunisie. Le petit 4×4, fruit de la passion de Zied Guiga (27 ans à l’époque) et de son équipe franco-tunisienne, avait fait sensation avec son look inspiré de la fameuse Jeep Willys de l’armée américaine, en plus moderne, avec une carrosserie en fibre de verre polyester. Un véhicule à 13 000 euros, personnalisable (110 coloris), dédié aux loisirs, idéal pour le bord de mer et le sable.
En 2008, Zied Guiga, petit-fils de l’ancien ministre Driss Guiga et fils de l’entrepreneur Kaïs Guiga, prévoyait de vendre 200 véhicules dès 2009 puis, à partir de 2010, près de 800 par an. Il comptait conquérir le marché de niche des 4×4 personnalisés, laissé vide depuis la disparition de la jeep française Dallas. Wallyscar avait noué un partenariat avec PSA Peugeot-Citroën pour la fourniture de la mécanique de base. Conseillé par René Boesch, l’un des pères de la Dallas, et par l’ingénieur tunisien Khalil Ben Hammouda, de Lotus, Zied Guiga visait d’abord le marché français, puis méditerranéen.
Deux ans après, on est loin du compte. Wallyscar indique n’avoir vendu que 15 véhicules depuis sa création (soit 200 000 euros de chiffre d’affaires), principalement aux distributeurs français Henri Vuillermoz et marocain Tarek Barrack, ainsi qu’à des clients prestigieux, comme un émir qatari.
Temps de rodage
Ce petit score est lié à la maigre capacité de production dont disposait la société jusqu’à présent, expliquent Moez Ben Zid et Hassen Hamouda, associés depuis le début avec Zied Guiga dans l’aventure. D’après eux, la nouvelle unité d’assemblage dans la zone industrielle de Ben Arous, au sud de Tunis, sera prête en janvier 2011. Elle pourra fabriquer 250 véhicules par an et remplacera l’atelier de La Marsa, qui ne produisait qu’une voiture par mois. « Au Mondial de l’automobile, nous avions un bon produit, autorisé à la vente en France, mais nous n’étions pas prêts au plan industriel. On s’est peut-être lancés trop tôt dans le marketing et la vente », confie Moez Ben Zid. « L’homologation de notre processus de production a pris du temps », ajoute Hassen Hamouda. Ce temps de rodage, leur distributeur français Henri Vuillermoz le considère comme normal : « On ne devient pas constructeur automobile en deux mois ! »
Un autre souci a pesé sur Wallyscar, début 2010 : Zied Guiga a été déféré devant le parquet pour une infraction au change, un délit mineur. Des avocats tunisiens estiment que le jeune homme est en fait poursuivi pour contraindre son père, Kaïs Guiga, qui serait impliqué dans un trafic de biens archéologiques, à se présenter devant la justice.
Malgré ces embûches, les promoteurs de Wallyscar tablent toujours sur un succès. Car le créneau des 4×4 de loisir personnalisés est toujours vierge de concurrence, et le pourtour méditerranéen est porteur : « Le potentiel du marché, notamment sur la Côte d’Azur, en France, est majeur. Nous négocions actuellement avec les autorités tunisiennes et marocaines pour obtenir les autorisations, explique Moez Ben Zid. Et nous comptons aussi obtenir les homologations pour toute l’Europe. » Peut-être pourra-t-on, en 2011, apercevoir la jet-set tunisienne et française parader sur les plages de Hammamet et de Saint-Tropez au volant d’une Wallyscar…
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