Le bal des prétendants autour du port de Malabo
Les candidats à la concession du port se pressent, alors que la dernière tranche ne sera livrée qu’à la fin de l’année et que l’appel d’offres n’est toujours pas bouclé. Pour l’instant, les Marocains tiennent la corde.
Les 11 et 12 octobre, la Guinée équatoriale a inauguré sur l’île d’Annobon (au sud de São Tomé e Príncipe) un port et un aéroport, livrés par la Société maghrébine de génie civil (Somagec, Maroc). Le port permettra notamment de recevoir des car-ferries transportant passagers et marchandises, ainsi que des bateaux de commerce pouvant charger jusqu’à 8 000 tonnes de marchandises. Une nouvelle étape pour le pays, qui souhaite se diversifier dans les infrastructures de services afin de devenir un hub régional, alors que la manne pétrolière demeure sa principale ressource.
Annobon est cependant un chantier modeste en comparaison de celui qui se termine dans la capitale. La Somagec, encore elle, livrera la dernière tranche du port de Malabo (un quai de 400 m en eau profonde) d’ici à la fin de l’année. Idéalement situé sur la façade atlantique, sur l’île de Bioko, il devrait pouvoir recevoir des navires chargés de 11 000 conteneurs et d’un tirant d’eau de 16 m, ce qui devrait permettre d’augmenter significativement le trafic (300 000 t par an aujourd’hui).
Les quelque 80 ha ainsi gagnés sur la mer feront de Malabo le principal port en eau profonde d’Afrique centrale. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il attise les convoitises. Et les prétendants à la concession s’activent déjà en coulisses, malgré l’absence, pour l’heure, d’appel d’offres.
Bolloré à l’affût
Parmi les premiers à se manifester, le dubaïote DP World, qui a transmis une proposition il y a quelques mois déjà. La filiale du holding Dubai World – qui recherche actuellement des fonds après les dégâts provoqués par la crise financière –, présente au Sénégal, en Algérie, au Mozambique et à Djibouti, a vu cette fois sa proposition retoquée par le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema. Selon une source proche du dossier, certaines clauses présentées par la compagnie dubaïote ont été jugées léonines : absence de bonus d’entrée, concession de cinquante ans, niveau de redevance par conteneur ridiculement bas.
Autre acteur à la manœuvre, Bolloré. Depuis six mois, des émissaires du groupe français rendraient régulièrement des visites de courtoisie aux autorités de Malabo ainsi qu’aux entreprises, à la recherche de détails sur les quais, les profondeurs, les surfaces gagnées sur la mer. Cependant, rien ne s’est encore concrétisé. Le gestionnaire, présent dans 42 pays, dont une dizaine de ports africains, affirme, par la voix de sa porte-parole Dalila Berritane, qu’« il est trop tôt pour communiquer sur Malabo » et que « le groupe Bolloré s’intéresse à la Guinée équatoriale comme il s’intéresse à tous les pays du continent ». Il tenterait néanmoins d’obtenir un accord avec des entreprises marocaines proches du président Obiang Nguema. Un accord entre Bolloré et la Somagec a même été annoncé par la presse. « Totalement imaginaire », assure la société marocaine.
Le groupe français est face à un front commun du royaume chérifien. Un accord signé en avril 2009 entre le roi Mohammed VI et le président Obiang favorise les échanges entre les entreprises marocaines et la Guinée équatoriale. C’est ainsi que TMSA – actuellement gestionnaire du port de Tanger Med – accompagne et conseille Malabo pour structurer son projet de développement portuaire. Il intervient notamment dans l’élaboration d’un appel d’offres pour la mise en concession des quais. Marsa, en tant qu’opérateur marocain, aurait ainsi toutes les chances de l’emporter s’il décidait de se lancer dans la course. Réponse début 2011.
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